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La fin de l'épidémie de coronavirus avec l'été? L'épidémiologiste Antoine Flahault était sur RMC

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L'épidémiologiste Antoine Flahault a regretté que les pays occidentaux n'ont pas assez pris au sérieux une pandémie ravageuse comme celle que l'on connaît aujourd'hui.

Le Professeur Antoine Flahault, épidémiologiste, directeur de l'Institut de Santé globale de Genève était l'invité de RMC ce mercredi matin. II a notamment expliqué à Jean-Jacques Bourdin que la vague du coronavirus est "bien derrière nous".

Il précise ainsi que "l’évolution de cette pandémie est très favorable pour l’instant en France et dans la plupart des pays d’Europe, excepté peut-être le Royaume-Uni. On est sur une situation de plus en plus basse avec, en France, moins de 500 cas par jour. En Suisse, nous avons eu hier (ce mardi, ndlr) 10 cas. Cela équivaut à 80 cas à l’échelle de la France".

Si le chiffre du taux de reproduction est inférieur à 1 en France, il est par exemple au-dessus de 1 en Suède en raison d’une stratégie différente. Pour le professeur Flahault, ce chiffre est important mais pas essentiel pour déterminer si un pays "est en période de sécurité. Lorsqu’on est en pleine décrue comme nous le sommes en ce moment, il se peut que ce taux puisse dépasser cette valeur de 1 sans que cela ne soit très informatif".

"Ce chiffre n’est pas l’indicateur qui permet, complètement, de vérifier que l’on est en période de sécurité. Aujourd’hui, le nombre de nouveaux cas par jour et les places disponibles en réanimation, sont les indicateurs de préférence pour vérifier qu’on est bien dans une zone de sécurité".

"Des signes avant-coureur d’une vague épidémique dans des zones tempérées de l’hémisphère sud"

Au-delà des frontières européennes, la situation est bien différente. "On voit des signes avant-coureur d’une vague épidémique dans des zones tempérées de l’hémisphère sud. Je pense à l’Argentine ou au Brésil où l’épidémie flambe comme on l’a connu au mois de mars dernier en Europe".

Si ces pays rentrent dans leur période hivernale, ce n'est pas le cas de l'Europe. Les fortes chaleurs de l'été sont une bonne nouvelle face à la propagation du virus. "On le constate dans toutes les périodes de grippe, il n’y a pas de grippe l’été. On n’en a jamais fait l’expérience". 

"Va-t-on connaître un frein de l’épidémie avec l’été? Ce serait un répit apprécié par tous en particularité par nos équipes de soignants mais ça n’est pas encore certain. On peut penser que ce frein ne soit que très limité. C’est-à-dire qu’il permette quand même des épidémies même s’il accompagne le déconfinement et nous permette de retourner à la vie d’avant" a-t-il indiqué à Jean-Jacques Bourdin.

"Un vaccin avant la fin de l'année ? Cela me paraît très optimiste"

Si freiner le virus est un motif d’espoir, quand est-il d’un vaccin qui pourrait mettre un terme définitif à la propagation de ce virus qui a tué plus de 320.000 personnes aujourd’hui?

"C’est la grande question", avoue le professeur Flahault. "Le vaccin est quelque chose de très technologique et très compliqué et, aussi, qui nécessite un peu de chance. C’est vrai dans la recherche médicale mais particulièrement dans la recherche d’un vaccin.

"Aujourd’hui, il n’y a pas de vaccin contre le chikungunya ou le sida. Pourtant, il y a eu de la recherche dans le domaine. Aujourd’hui, il y a 115 candidats vaccin dans le monde. Il y a 8 essais cliniques et 5 gros laboratoires producteurs. Donc tous les espoirs sont sur la production d’un ou de plusieurs vaccins. En avoir un avant la fin de l’année me paraît très optimiste. Dans 1 an, c’est possible".

"On n’a pas mis assez d’énergie, de moyens, de recherche, de contrôles"

Pour le professeur, ce nombre élevé de morts sur le globe aurait largement pu être évité si la recherche s’était davantage concentrée sur la propagation d’un virus. "On a doublé l’espérance de vie en un siècle, on a diminué par 2 la mortalité infantile en particularité dans l’Afrique sub-saharienne alors que tout le monde disait qu’on n’y arriverait jamais".

"On n’a pas pris très au sérieux cette menace d’émergence épidémique qui peut ravager la planète entière en très peu de temps. On n’a pas mis assez d’énergie, de moyens, de recherche, de contrôles pour pouvoir se dire : "on sera là très tôt"".

Je crois aujourd’hui, que les États qui ont pris ces précautions en particulier comme Taïwan, Hong Kong, Singapour ou la Corée du Sud, ont réussi à prévenir la vague qui n’est pas rentrée chez eux. Et je pense qu’on a des leçons très intéressantes à tirer de cela".

Maxime Trouleau