Le gouvernement présente sa feuille de route pour lutter contre la pénurie de médicaments

Le phénomène s'accentue ces dernières années en France avec de plus en plus de personnes confrontées à la pénurie de médicaments. L'Agence nationale de sécurité du médicament a enregistré l'an dernier 4925 déclarations, contre 3761 en 2022, soit une progression de 30%. Ces signalements ont plus que doublé (+128%) par rapport aux 2160 signalements reçus en 2021.
Le gouvernement a présenté mercredi une nouvelle feuille de route pour lutter contre ces pénuries de médicaments et surtout les anticiper. Une myriade de petites mesures censées endiguer les pénuries. Elles concernent tous les acteurs. Les médecins généralistes par exemple vont expérimenter l'utilisation de tests rapides, les TROD, en cas d'infection pour éviter la prescription inutile d'antibiotiques.
Les pharmaciens pourront délivrer des médicaments de substitution en cas de manquement d'une référence prescrite, mais l'Agence nationale du médicament doit établir lesquels dans les prochaines semaines. La volonté est également de mieux signaler les tensions et renforcer la transparence pour améliorer la disponibilité. Par exemple, les pharmaciens devront passer commande auprès des grossistes-répartiteurs et non auprès des industriels pour éviter que certains fassent des réserves.
“Là, actuellement sur Augmentinin, l'amoxicilline-acide clavulanique, qui est un antibiotique, le gouvernement considère que le produit est en tension, mais il y a 56% des officines françaises qui n'en ont pas du tout. Donc ça veut dire que le produit est stocké dans 40% des officines”, déplore Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
Des annonces insuffisantes?
Le gouvernement veut aussi travailler à l'élaboration d'un logiciel pour qu'un médecin soit alerté dès la prescription de la tension d'approvisionnement d'un médicament, sans oublier le conditionnement à l'unité qui existe déjà, mais sur lequel le gouvernement insiste.
Ces annonces restent insuffisantes pour l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament compte tenu du retard pris dans le développement de l'industrie pharmaceutique en France.
“Depuis 2017, les pénuries de médicaments ont pratiquement décuplé. Donc dire ça prend du temps de mettre en place de la production, et notamment de la production publique, c ‘est totalement irresponsable et inconséquent parce que ça fait sept ans que ça aurait dû être fait”, déplore Jérôme Martin de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.
Le gouvernement promet que plusieurs projets industriels devraient être dévoilés d'ici le mois de mai dans le cadre du plan France 2030.