Le médecin roumain repart d'un village de la Creuse: "il a profité du système"

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André Mavignier est maire du village de Bénévent-l'Abbaye dans la Creuse:
"Quand le médecin du village est parti à la retraite, nous avons racheté son cabinet ainsi que son logement. Nous avons dépensé 130.000 euros soit un immeuble cher pour le village. Nous avons aussi dépensé 10.000 euros pour faire une recherche par un cabinet de chasseurs de tête.
L'ancien médecin qui partait à la retraite à l'été 2015 nous a laissé peu de temps pour nous organiser. J'ai tout essayé, comme les annonces dans les journaux spécialisés. Pour finalement arriver à passer par un cabinet de chasseurs de tête.
"Toutes les communes se battent pour attirer les médecins"
Ce cabinet de chasseurs de tête m'a donc proposé un médecin roumain qui était déjà en France. Je ne savais pas qu'il était déjà passé par trois autres cabinets en trois ans. On recherchait un médecin qui puisse rester quelque temps. Il avait 50 ans, ça nous semblait convenable. Il arrivait dans un endroit avec une bonne patientèle, les 850 habitants ainsi que ceux d'autres villages à côté, et un EHPAD. Nous, on avait mis le logement à disposition gratuitement, le cabinet aussi, donc il n'avait aucune charge. Toutes les communes se battent pour attirer les médecins.
Ce médecin s'est mis en situation d'échec. Les habitants étaient peut-être un peu méfiants à son égard. Mais lui avait un rapport particulier à l'argent. Il avait l'air d'être intéressé par l'argent. Il parlait d'argent dans son cabinet avant de parler de santé. Il négociait les prix chez les coiffeurs et au restaurant. Il était venu pour gagner de l'argent. Il a profité des aides de l'Etat. Nous sommes en zone de revitalisation rurale, donc il était exonéré d'impôts pendant les 5 premières années, il n'avait pas à payer de loyer, ni d'impôts. Aujourd'hui, il est installé à Arpajon dans l'Essonne. Il cherchait juste de l'argent.
"Les médecins des environs sont débordés"
J'ai trouvé d'autres médecins, un couple de Camerounais, qui ont fait leurs études en Italie, mais comme ils ne sont pas européens, ils ne peuvent pas s'installer en libéral avant d'avoir 3 ans de pratique en France. Ça me révolte. C'est une absurdité. Ce sont de jeunes médecins francophones de naissance qui ont fait le choix de venir, qui disposent d'un diplôme équivalent à celui de la France, alors qu'un Européen qui ne maîtrise pas la langue française peut venir s'installer tranquillement.
Ils vont finalement venir à l'automne après leurs trois ans de pratique. Et dans l'intervalle chacun se débrouillera comme il peut. Les autres médecins des environs sont débordés. Et un autre médecin roumain est aussi partie d'un village voisin".