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"Les gens vont encore moins se soigner!": la franchise médicale doublée pour les médicaments inquiète

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Les Français sont mitigés après les annonces de la ministre de la Santé Catherine Vautrin. Les patients pourraient désormais payer la franchise sur leurs médicaments directement au comptoir des pharmacies. Certains craignent que les plus pauvres se privent de certains médicaments.

Les annonces de la ministre de la Santé Catherine Vautrin font grincer des dents. Dans une interview accordée au journal Le Monde ce samedi, elle a précisé les pistes pour trouver les cinq milliards d'euros d'économies dans la santé demandés par François Bayrou il y a trois semaines.

Parmi ces dernières, Catherine Vautrin a évoqué la franchise sur les médicaments à régler directement par les patients au comptoir des pharmacies. Ce reste à charge, cumulé sur une année, pour les médicaments, comme pour les consultations, pourrait doubler pour atteindre 100€ par an. La ministre précise que le plafond sera fixé à 8 euros maximum par mois.

Responsabiliser les patients

Cette mesure a pour but de responsabiliser les patients. C'est une bonne idée pour certains. "Ça peut nous permettre de mieux visualiser ce qu'on paie quand on nous donne six boîtes alors qu'on a besoin que d'une. Parfois je pense que ce n'est pas tout à fait nécessaire, donc si ça peut éviter du gâchis, ce n'est peut-être pas plus mal", explique Isaure.

La bande de Charles Matin : Catherine Vautrin a annoncé "le doublement du plafond des franchises médicales" - 28/07
La bande de Charles Matin : Catherine Vautrin a annoncé "le doublement du plafond des franchises médicales" - 28/07
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Mais le risque, pour d'autres patients, c'est de pénaliser les plus fragiles. "Soit les gens vont moins se soigner, soit ça va faire un trou dans le budget. Ça fragilise les plus vulnérables, les gens qui ont des affections longue durée ou les gens très âgés qui consomment beaucoup de médicaments", avance une patiente.

Interrogé dans Charles Matin, lundi, Philippe, tôlier en Saîne-et-Loire, ne comprend pas cette mesure. "On sait que les Français ont déjà du mal à se soigner. Il y en a qui refusent de se soigner parce que la vie leur coûte trop cher", argue-t-il.

"Si on fait ça, les gens vont encore moins se soigner et on aura encore plus de problèmes de maladie", insiste Philippe.

Le président de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine, Pierre-Olivier Variot craint, lui, que faire payer le patient au comptoir va ajouter davantage de complexité à l'accès aux soins. "Il faut qu'on aille sur des simplifications administratives. Ça a été prôné par le président de la République. Faire des tracasseries administratives en plus à une profession, c'est faire mentir le président", explique-t-il sur RMC.

"Je ne suis pas collecteur d'impôts. Il y a des gens qui sont payés pour ça, pas moi", se désole le pharmacien Pierre-Olivier Variot.

Pour le pharmacien, la responsabilisation des patients ne doit pas se faire à coups de carte bleu, mais par de la sensibilisation.

"Ce système, à un moment, il faut le financer"

Mais le gouvernement ne cesse de le répéter, il faut faire des économies pour que le système continue de perdurer. Un argument également défendu par Alexandre, gestionnaire en hôpital dans les Alpes-Maritimes.

Le 3216 RMC du 28 juillet - 7h37
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"Ce système à un moment, il faut le financer. Comme tout augmente, c'est normal que l'on paie un petit peu plus cher. Je pense qu'en augmentant légèrement le reste à charge sur les médicaments non essentiels, on peut essayer de préserver l'essentiel qui est de soigner sans condition, sans que l'argent soit un obstacle dans les cas où la vie du patient est en jeu", justifie Alexandre au micro d'Apolline Matin.

Ce dernier, 30 ans, est même "favorable" à une modification du remboursement de "certains médicaments dits courants", comme "les petits traitements pour des maux de gorge ou des douleurs passagères".

Lucas Lauber (avec TRC)