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Macron, le Covid-19, un dîner et... de nombreuses questions

EXPLIQUEZ-NOUS - La table avait été dressée dans la très grande salle des fêtes du rez-de-chaussée. Il y avait donc au moins deux mètres entre chaque siège, des micros avaient même été installés, les invités étaient donc loin les uns des autres. Insuffisant cependant pour éviter la polémique.

L’agenda d’Emmanuel Macron est épluché pour déterminer qui il aurait pu contaminer ces derniers jours. Et des questions se posent sur un dîner à l’Elysée mercredi soir. Un dîner dont on n’aurait pas entendu parler si Emmanuel Macron avait eu les premiers symptômes dans la nuit et un test positif dès le lendemain matin. Les convives étaient convoqués à 20 heures alors que nous étions au deuxième soir du couvre-feu. Ils sont restés ensemble jusqu’à minuit et demi.

La table avait été dressée dans la très grande salle des fêtes du rez-de-chaussée. Elle faisait, dit-on 15 mètres de long, il y avait donc au moins deux mètres entre chaque siège. Des micros avaient même été installés, ce qui veut dire que les invités étaient loin les uns des autres. L’Elysée a encore fait savoir que tout le monde a gardé son masque entre les plats. Que c'était des plateaux repas individuels. Bref, tous ces détails, pour indiquer que les gestes barrières ont été respectés. On a même appris qu’il y avait au menu des crevettes et des fruits de mer. 

12 à table quand le Premier ministre nous demande de ne pas être plus de 6 pour le réveillon de Noël

Voilà. C’est ça le problème. Un dîner à 12, à l’heure du couvre-feu. C’est exactement ce que Jean Castex demande aux français d’éviter en ce moment. Et Jean Castex était présent. Juridiquement, il n’y a pas de sujet. Parce que c’était une réunion de travail. Et on a le droit de travailler le soir, on a le droit d'être douze dans une réunion, on a le droit de servir un plateau repas. Les participants n’ont pas enfreint la loi. Ils n’ont pas risqué une amende de 135 euros en rentrant chez eux.

Mais l'image est désastreuse. Elle fait dire à un député les républicains, Olivier Marleix: "C’était comme un resto clandestin, une petite équipe qui s’arroge le droit de faire ce qu’ils interdisent aux Français".

12 hommes sur 12 participants

C'était un dîner politique avec la garde rapprochée d’Emmanuel Macron. En face du président, le premier ministre Jean Castex. A la droite du président, son bras droit à l'Élysée Alexis Kohler. À sa gauche, le président de l’assemblée Richard Ferrand, puis les patrons des deux partis de la majorité. Stanislas Guerini de La République en Marche et François Bayrou, président du Modem. Étaient présents aussi, les chefs des groupes parlementaires de ces deux partis, dont l’ancien ministre de l'intérieur Christophe Castaner et enfin quatre conseillers politiques du président. 

Ça ne vous a pas échappé, la réunion a rassemblé 12 hommes, 12 hommes blancs. Un entre soi, d’un autre temps, que personne n’aurait remarqué si le test positif du président n’avait obligé l’Elysée a révélé la liste de tous les invités. Et cela prouve une chose : l’utilité des lois sur la parité.

L'objet du dîner, c’était les prochaines élections régionales. Des élections ou la moitié des candidats seront des candidates. Selon le principe dit chabada bada. Des listes avec un homme, une femme, un homme une femme. C’est la loi qui assure la parité parmi les élus. Au gouvernement, la moitié des ministres et des secrétaires d'État sont des femmes. Ce n’est pas inscrit dans la constitution mais c’est une pratique désormais irréversible.

Mais quand il n’y a pas de quota imposé, pas d’obligation, pas de caméra, quand il s’agit de parler politique et de préparer les élections, et bien, on l’a vu mercredi : il n’y a plus que des hommes. Les quatre conseillers politiques et stratégiques d’Emmanuel Macron sont quatre hommes. Le secrétaire général de l’Elysée aussi. Les deux présidents de groupes à l'assemblée, les deux patrons de parti, le président de l'assemblée, le premier ministre et le président. Tous des hommes.

De l'autre côté, la maire de Paris, Anne Hidalgo sanctionnée pour avoir embauché trop de femmes

Conséquence inattendue d’une loi de 2012, la loi Sauvadet qui impose la mixité dans la haute fonction publique. Pour mettre un terme, justement à ces réunions 100% costard cravate dans les lieux de pouvoir. 

La loi prévoit qu’aucun sexe ne doit représenter plus de 60% des postes. A la mairie de Paris, 53% des cadres de direction sont des hommes et 47% des femmes. On est dans les clous. Sauf qu’en 2018, 16 postes étaient à pourvoir et 11 femmes ont été nommées. C’est illégal. La mairie doit payer une amende de 90.000 euros.

Force doit rester à la loi. Il fallait sévir pour éviter de possibles gynécées ! Parce que sinon, il ne faudrait pas qu’on apprenne qu’un soir, 12 femmes aient dîner entre elles, dans la salle des fêtes de la mairie de Paris pour préparer les prochaines élections.

Nicolas Poincaré