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Médecine: un projet de loi veut imposer aux internes de s'installer dans les déserts médicaux en dernière année

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Pour lutter contre les déserts médicaux, un projet de loi propose d'envoyer les étudiants de médecine en dernière année, pour deux ans. Mais l'idée ne convainc pas vraiment les principaux intéressés.

Mieux répartir les médecins en France. C'est tout l'objectif de la proposition de loi qui arrive ce jeudi à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, plus de 7 millions de Français vivent dans un désert médical. Pour y remédier, la loi propose notamment d'imposer aux étudiants en médecine de s'installer dans un désert médical lors de leur dernière année d'internat et d'y rester les deux années suivantes.

Mais quand on leur parle de s'installer dans un désert médical, Agathe, Hugo et Alice, tous les trois au début de leurs études de médecine, grincent des dents: "Il y a peu de gens, ce sont surtout des personnes âgées. On n'a pas forcément envie de quitter nos familles et de partir loin comme ça", assure Agathe. "On se forme sur les dernières années sur les pathologies qu'on aimerait bien traiter plus tard. En déserts médicaux, c'est moins varié", déplore Hugo. "Si ça se trouve, on va mal faire parce que c'est les débuts et qu'il faut être encadré au début, alors que dans les déserts médicaux, on n'a pas l'équipement et tout ce dont on a besoin pour commencer une vie en tant que médecins", conclu Alice.

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Un salaire revalorisé?

Des inquiétudes fondées sur "beaucoup de clichés", regrette le député Guillaume Garot, à l'origine de la proposition de loi. Il rappelle que les étudiants seront accompagnés, qu'ils pourront travailler dans des maisons de santé. Et que leur salaire pourra être revalorisé.

Mais ce projet ne convainc pas Gaëtan Casanova, président de l'intersyndicale nationale des internes: "Ce n'est pas ça qui motive les médecins. Ce qui les motive, c'est de retrouver les gens qu'ils aiment. Et ce qui est certain, c'est qu'un médecin qui est malheureux, qui est éloigné des siens, c'est un médecin qui soigne mal".

Pour lui, cette loi est vouée à l'échec puisque des mesures similaires ont été prises au Canada et en Allemagne et n'ont pas porté leur fruit. En attendant, dans les territoires sous-dotés, il faut 11 jours en moyenne pour trouver un rendez-vous chez un généraliste et 6 mois pour trouver un ophtalmologiste.

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Anne-Lyvia Tollinchi (avec Guillaume Dussourt)