"On arrive sur un plateau": le nombre de transition de genre n'évolue plus selon un psychiatre

Interdire le changement de sexe des mineurs. La question se pose ce mardi au Sénat qui examine une proposition de loi de la sénatrice Les Républicains, Jacqueline Eustache-Brinio.
Elle veut une interdiction des traitements hormonaux ou des actes de chirurgie sur les moins de 18 ans. Le texte vise à rendre impossible toute transformation physique avant la majorité. "La proposition de loi a été écrite pour prendre le temps", justifie la sénatrice Eustache-Brinio qui parle d'une vague de demandes.
La Société française d'endocrinologie et diabétologie pédiatrique estime que 1200 jeunes ont consulté des équipes d'accompagnement ces dix dernières années. Depuis 2013, le psychiatre Jean Chambry a reçu 200 jeunes qui souhaitaient une transition de genre.
“Il y a 15 ans, j'avais 10 demandes par an, là aujourd'hui 10 demandes par mois. Mais ça ne continue pas d'augmenter. C'est juste qu'on a levé un tabou qui a permis aux gens de venir parler beaucoup plus tôt et qui maintenant continuent. Là, on est arrivé à un plateau”, explique-t-il.
Un chemin "long et éprouvant"
Une étude a été menée sur 239 jeunes suivis pendant 10 ans par l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. 11% d'entre eux ont pris des bloqueurs de puberté pour prendre le temps de la réflexion. 44% ont reçu un traitement hormonal. C'est Chrystelle Lagrange qui a réalisé ces travaux. Elle est psychologue clinicienne.
“Il y a des mois et des mois d'attente pour un premier rendez-vous. Il y a des examens biologiques à faire. Ensuite, la famille est revue pour réévaluer la demande. C’est un parcours qui est long, éprouvant”, détaille-t-elle.
Chaque étape nécessite l'accord des parents et d'un collège de professionnels de santé. Preuve s'il en faut, selon elle, que la transition n'est pas une mode. Les opérations chirurgicales, chez les mineurs, restent extrêmement rares.