"On n’a plus rien à perdre": des médecins augmentent le prix de la consultation

Des cabinets médicaux sont fermés ce vendredi. Les médecins libéraux se mobilisent de nouveau contre la proposition de loi, portée par le député Frédéric Vailletoux, "visant à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels".
L'objectif du texte, qui sera examiné la semaine prochaine à l'Assemblée, est de répondre à la problématique des déserts médicaux, en obligeant notamment les généralistes à participer aux gardes, ou encore à adhérer à des communautés professionnelles territoriales de santé. La proposition de loi prévoit aussi d'interdire l'intérim médical en début de carrière.
Des complications administratives et de nouvelles contraintes qui font bondir les généralistes, déjà échaudés par l'échec des négociations avec l'Assurance maladie en début d'année. Alors pour protester, depuis lundi, certains médecins augmentent collectivement le tarif de leur consultation en passant à 30 euros. Soit 5 euros de plus, pas remboursés par la sécurité sociale.
Ils sont déjà 70, dans les Ardennes, à augmenter leur tarif et à enfreindre la règle du dépassement d'honoraires exceptionnel. “On nous demande souvent ‘est-ce que c’est risqué de faire un dépassement?’ Oui c’est risqué, mais on n’a plus rien à perdre en fait”, assure le docteur Yannick Pacquelet, porte-parole du collectif ardennais.
“Avec les cinq euros, ce n’est que l’application de l’inflation. Ce n’est pas une problématique d’enfant gâté. Nos cabinets médicaux tirent la langue. Ça a rendu la sanction dérisoire parce que qu’est-ce que vous voulez me mettre une amende alors que je suis en train de fermer boutique? Ça accélérera juste les choses en fait”, estime-t-il.
L'Assurance maladie attentive à l'évolution de la situation
Et les patients soutiennent plutôt cette initiative, comme à Valenciennes où un tout nouveau collectif doit se réunir ce lundi. “Les gens veulent avoir des médecins. Quand on leur explique que c’est pour faire revenir des médecins, ils comprennent”, indique le médecin généraliste Stéphane Decool. C'est cinq euros de plus au cabinet, mais pas pour les plus précaires, insiste-t-il.
“Ce dépassement, c’est plus pour alerter. C’est fait avec discernement. Après, s’il y en a qui ne sont pas d’accord, je ne le ferai pas, il n’y a pas de problème, on ne va pas se battre”, ajoute-t-il.
L'Assurance maladie se dit très attentive à l'évolution de la situation. Le ministre de la santé François Braun doit rencontrer ce soir à 17h, en marge de son déplacement dans l'Hérault, des médecins libéraux . La question du dépassement "sauvage" d'honoraires sera "sans doute" abordée me confirme son cabinet.