"On nous traite comme des gosses!": les grands-parents en colère contre Jean Castex qui leur déconseille de venir chercher les enfants à l'école
"Evitons que papy et mamie aillent chercher les enfants à l'école": lors de sa conférence de presse, le Premier ministre Jean Castex a conseillé aux personnes âgées de ne pas trop voir leurs petits enfants, pour les protéger. Clairement, cette précision faite à quelques jours de la rentrée scolaire suscite l'incompréhension chez les grands-parents, d'abord, mais également chez les parents.
Sur RMC, les plus âgés sont unanimes, ils ne comptent pas suivre les recommandations du Premier ministre.
Si Marie-Jo comprend les recommandations du Premier ministre, elle n'a aucune intention d'arrêter de voir sa petite fille, Camille, 3 ans, qu'elle vient justement d'installer sur un poney pour un petit tour: "Je fais des efforts, mais vraiment, je pense que je ne pourrai pas me couper de voir mes petits enfants. On fait déjà attention. Mais franchement, je pense que les parents ont plus besoin d'aide: s'il n'y a pas les grands-parents, ça va être difficile pour les parents".
En route pour le parc, Lauren et Kayla, 7 ans et demi, passent un bon moment, après avoir déjà fait des sacrifices: "On fait beaucoup plus attention à beaucoup de choses, je ne fréquente plus les restaurants, les bistrots... Je reste en famille et je n'empêcherai pas du tout de voir mes petits-enfants".
"Il ne faut pas rompre le lien affectif"
Danielle a pu voir ses petits-enfants cet été: un soulagement pour cette grand mère qui n'a pas supporté la solitude du confinement: "Je ne suis pas bien cette période. Avant je ne m'ennuyais jamais, maintenant, je m'ennuie chez moi, ça ne va pas. Sans la famille, c'est trop dur, c'est trop important, c'est un équilibre".
Sur RMC, le médecin Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la Fédération des médecins de France, appelle à la mesure bien que la prudence est requise. Il appelle à ne pas céder à la panique et à préserver au mieux les liens familiaux. "Le Premier ministre est dans son rôle en disant qu'il faut être prudent, et il a raison. Mais surtout, il ne faut pas rompre le lien affectif quand les grands-parents vont chercher les enfants à l'école, ils se touchent le coude pour se saluer et ça vaut tous les gros câlins... Tout est dans le regard. Si c'est un petit enfant, on évite par exemple de goûter dans la même cuillère pour voir si le plat est chaud" rappelle-t-il.
Armelle Le Bigot, présidente de l'Ecole des Grands-Parents Européens, lui réplique: "Qu'on arrête de nous infantiliser! Nous sommes responsables, si nous nous sentons fragiles, nous restons chez nous et nous ne nous occupons pas de nos petits-enfants. Si nous sommes en forme, si nous maintenons les gestes barrière, tout ce qu'il faut, je ne vois pas pourquoi on nous traite des enfants! Un coup, on a le droit de faire ci, on n'a pas le droit de faire ça. Or, nous sommes présents dans la société et nous avons un rôle et nous sommes utiles auprès de nos petits-enfants".
"Qui paie dans cette affaire?"
Alors que faire si les grands-parents ne peuvent plus venir chercher leurs petits enfants? Réponse de Jean Castex: renforcer le périscolaire. Pour Cédric, auditeur francilien de RMC, c'est impossible:
"On a beaucoup de difficultés à faire garder nos enfants, surtout en sortie d'école. Et ça nous coûte de plus en plus cher! Si aujourd'hui, je n'ai pas mes parents ou mes beaux-parents pour la sortie de l'école, c'est la solution de l'extra financier avec une nounou ou le centre de loisirs, qui peut coûter très cher selon les revenus de la famille. Cet été, si je n'avais pas eu mes parents pour garder les enfants, alors qu'on a dû retourner au travail, j'aurais dû les mettre au centre de loisirs pour 400 euros par mois. C'est du Kafka!" dénonce ce papa.
Agnès Le Brun, vice-présidente de l'association des maires de France, abonde dans ce sens: "Le périscolaire, qui est une responsabilité des collectivités, ne peut pas s'organiser dans l'improvisation et certainement pas au coin de la table. Il y a des difficultés de logistique, d'organisation, de locaux, de personnels, mais aussi de financement. Qui paie dans cette affaire? Les collectivités sont déjà exsangues, sur le flanc: la crise sanitaire, que les collectivités ont parfaitement assurés pour soutenir les populations, a coûté beaucoup, beaucoup d'argent".
Enfin, Chantal, mamie de cinq enfants, ne mâche pas ses mots contre le gouvernement au téléphone d'"Apolline Matin": "Franchement, c'est de la dictature politicienne. Les mamies et les papys peuvent mettre le masque pour aller chercher les enfants, je ne comprends pas. C'est aberrant, je ne comprends plus le gouvernement. On n'a plus de liberté. Moi, je continuerai comme avant".