RMC
Santé

"On va un peu les sanctionner": faut-il faire payer les rendez-vous médicaux non honorés?

placeholder video
Dans une interview au Parisien, Emmanuel Macron indique avoir la volonté de "sanctionner" les patients qui n’honorent pas les rendez-vous médicaux qu’ils prennent. Dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, le Dr Jérôme Marty se félicite de cette prise de conscience, mais attend des actes.

Une "taxe lapin" bientôt mise en place? Dans Le Parisien ce lundi, Emmanuel Macron ouvre la porte à la possibilité de faire payer les rendez-vous médicaux non honorés par des patients. "Sur la santé, la réponse est multifactorielle, explique d’abord le président de la République. Il faut former plus de médecins, de pharmaciens, de kinés, d’infirmiers. On doit aussi accélérer la délégation d’actes (prescription de certains médicaments ouverte aux pharmaciens, vérification de la vue par des opticiens, etc.). On est en train de le faire — je me tape les corporatismes. Ensuite, il faut créer des incitations pour régler les déserts médicaux, investir sur l’hôpital et le réorganiser. Et il faut responsabiliser mieux les patients : ceux qui ne viennent pas aux rendez-vous, on va un peu les sanctionner."

Président de l'Union française pour une médecine libre, membre des "Grandes Gueules" sur RMC, le Dr Jérôme Marty est ravi de voir Emmanuel Macron s’emparer du sujet. "Cela représente 28 millions de rendez-vous par an, l’équivalent de 4.000 médecins sortis du soin chaque jour, ou encore deux à quatre heures de consultations en moins chaque semaine par médecin. C’est énorme, ça vient impacter directement l’accès aux soins. Si cela était résolu, ça permettrait de résoudre une grande partie des difficultés des Français sur l’accès aux soins", explique-t-il dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story. Sa solution? Moins rembourser les patients fautifs.

"Il y a une certaine part de consumérisme"

"La façon la plus simple, ce serait que l’assurance maladie retienne tout ou partie du remboursement de ce patient lors de sa prochaine consultation", avance le Dr Jérôme Marty. "C’est répété, malheureusement, souligne-t-il. Si ce n’était qu’un seul épisode par patient, la problématique n’existerait pas. Il faut éviter ces répétitions. C’est bien pire depuis Doctolib. C’est un problème qu’on porte depuis 2018. On avait lancé une première pétition en 2018, on n’a pas été écouté par les politiques. On a relancé à plusieurs reprises et notamment en 2022. Là, pour la première fois, le président prend fait et cause pour cette problématique. On verra ce qu’il met en place mais il parle d’une pénalisation des patients, ce qui n’était pas fait jusque-là. On va attendre les actes."

Selon le Dr Jérôme Marty, "il y a une certaine part de consumérisme, incontestable" sur ces prises de rendez-vous. Les patients qui le font, ce ne sont pas des patients dans le besoin, la plupart du temps. Ce sont des patients actifs, jeunes, qui ont des enfants, qui vivent un peu à 100 à l’heure, et qui vont consommer du soin comme ils iraient consommer d’autres produits, alors que le soin n’est pas un produit. Le plus souvent, c’est quelqu’un qui va prendre rendez-vous avec un médecin qui est à 20 km de chez lui dans 15 jours, disons, parce qu’il y a un problème d’accès au soin. Entretemps, il trouve un rendez-vous plus près. Mais il n’annule pas le précédent. Ensuite, il en trouve un juste à côté, dans deux jours. Et il n’annule pas les deux précédents. Il bloque deux zones de rendez-vous avec deux médecins, alors que d’autres patients auraient pu en bénéficier. C’est pour ça que ce n’est pas civique."

LP