Passeport vaccinal: pourquoi il s'est imposé dans certains pays et divise toujours en France

Pénurie de doses : qui faut-il vacciner en priorité? - AFP
La pression est de plus en plus forte pour mettre en place un passeport vaccinal. Cette pression vient des compagnies aériennes, aux pertes colossales, elle vient des entreprises de tourisme, qui cherchent une sortie de crise, et elle vient de certains Etats qui ont besoin de visiteurs pour faire tourner leur économie.
Certains y pensent, l’Italie, l’Espagne, le Portugal. D’autres le font déjà comme le Danemark et la Suède qui l’ont annoncé la semaine dernière, et Israël lundi qui en fait la clé de son déconfinement. Les salles de sport, commerces et lieux de culture rouvriront ce dimanche pour les personnes vaccinées, les restaurants et les bars attendront le 7 mars. L’Etat hébreu a par ailleurs signé des accords bilatéraux avec la Grèce et Chypre, il prévoit que les citoyens de ces pays pourront voyager sans restrictions s’ils sont vaccinés.
Israël a aussi proposé ce pacte à la France, mais le gouvernement est toujours aussi réticent.
Pourquoi une telle réticence en France?
Pour des raisons morales et légales. Le passeport vaccinal "pose un problème éthique" dit le secrétaire d’Etat au Tourisme dans Libération. Cela reviendrait à rendre la vaccination obligatoire, à forcer la main des réticents au risque de les exclure d’une partie de la société.
Selon Jean-Baptiste Lemoyne, ce débat reste "prématuré" où seule une minorité de personnes sont à ce jour vaccinée:
"L'idée de restreindre les flux aux personnes qui sont seulement vaccinées est un débat qui nous paraît prématuré" car "vous avez 4 à 5% de la population européenne vaccinée, les publics les plus fragiles et pas ceux qui le plus spontanément peuvent voyager".
C’est là qu’intervient la question du droit: tant que le vaccin n’est pas accessible à l’ensemble de la population, un tel passeport créerait mécaniquement une rupture d’égalité…
Des simples QR codes avec nos coordonnées?
L’exécutif réfléchit donc à des solutions alternatives. On vous avait déjà parlé sur RMC du QR code à l’entrée des restaurants, petit code barre à scanner sur son téléphone. Cela permettrait de remonter plus rapidement les chaînes de contamination et de mieux tracer le contacts des personnes infectées.
Et c’est aussi dans cette logique que Roselyne Bachelot a annoncé la tenue de" concerts test" à Paris et Marseille. Les participants se feront dépister avant et après. Peut-être que finalement, ça n’est pas le vaccin qui nous permettra d’accéder de nouveau aux lieux aujourd’hui clos, mais seulement un test négatif.
Au niveau de l'Union européenne, des discussions sont en cours entre les 27 sur des normes communes pour une reconnaissance mutuelle de certificats vaccinaux. Mais il n'y a pas de position commune à ce stade sur les droits qu'ils pourraient ouvrir.
La Grèce notamment, soucieuse de sauver son industrie touristique, a soumis en janvier une proposition à la Commission européenne pour la mise en place d'un "certificat de vaccination" européen afin de faciliter les voyages au sein de l'UE. Mais pour le secrétaire d'Etat français, ce courrier était "ambivalent": "En même temps qu'il plaide pour le dispositif, deux lignes plus tard il dit que ça ne doit pas être un pré-requis pour voyager".
>> A LIRE AUSSI - Ils ont entre 65 et 74 ans, qui sont les oubliés de la vaccination?