Peut-on demander aux personnes âgées de s’auto-isoler?

C’est une proposition faite jeudi par plusieurs membres du Conseil scientifique. Ils proposent une nouvelle approche. Un contrat social clair et transparent entre les générations.
Les cinq membres du conseil scientifique, dont son président Jean Francois Delfraissy ont détaillé leur proposition hier dans la revue médicale britannique "The Lancet".
En vertu de ce contrat, les plus jeunes générations accepteraient la contrainte des mesures de prévention, principalement le port du masque, à condition que les groupes les plus âgés et les plus vulnérables adoptent d’autres mesures comme l’auto-isolement. L’argument de ces scientifiques, c’est que la crise est partie pour durer et il faut trouver de nouvelles solutions.
Imposer des mesures restrictives
Cet isolement des personnes âgées ne serait pas obligatoire. Et pour cause, juridiquement il semble impossible d’imposer des mesures restrictives à une partie de la population. Ce serait une discrimination contraire à la constitution.
Hier encore, Olivier Véran a estimé que ce n’était pas faisable, que la solidarité entre les générations doit l’emporter. Faute de confinement forcé, on parle donc d’un confinement recommandé pour les personnes les plus âgées et les plus vulnérables.
Jean François Delfraissy et ses amis, parlent d’une recommandation "forte" associée à un appel à la responsabilité. Il serait donc instamment demandé aux plus âgées, l’article ne précise pas à partir de quel âge, il leur serait demandé de rester chez eux, de ne sortir que pour faire les courses, de supprimer ou limiter toutes les interactions familiales et amicales.
On parle donc d'un effort important, mais compensé par le fait que ces populations sont aussi celles qui sont prioritaires pour la vaccination. L’auto-confinement ne concernerait que ceux qui ne sont pas encore vaccinés. A ce jour, plus de 20% des plus de 80 ans sont vaccinés et le pourcentage augmente tous les jours. Le sacrifice demandé le serait donc sur une durée limitée. Jusqu’à la vaccination. Soit environ deux mois.
Mais on ne sait pas si une "forte" recommandation à s’auto-confiner serait suivie d’effet? Non on ne sait pas parce qu’on a pas d'élément de comparaison. Il n’a pas d’exemple à l’étranger. Mais on a vu qu’en Suède, il n’y a jamais eu de confinement obligatoire mais un confinement conseillé au plus fort de la première vague. Et les Suédois sont beaucoup restés chez eux. Il y a eu des périodes d’auto-confinement à Stockholm.
75% des décès à l'hôpital concerne des plus de 75 ans
On peut aussi imaginer que les plus âgées et les plus vulnérables sont aussi les plus enclins à suivre les consignes de prudence. Tout le monde connait les chiffres: 75% des décès à l'hôpital concerne des plus de 75 ans.
La "forte" recommandation associée à des campagnes à la radio et à la télé pourrait être assez suivie pour que cela soit efficace. C’est en tout cas l’avis de ces cinq membres du conseil scientifique.
Ce qui est nouveau, c'est que le conseil scientifique ne prône plus le confinement général. Il y a encore quinze jours, Jean François Delfraissy jugeait le reconfinement inévitable. Son avis, on le sait, n'a pas été suivi. Alors il en prend acte. Il estime que le confinement est attractif pour les scientifiques mais que les dirigeants politiques ne veulent le décider qu’en dernier recours. Le conseil scientifique estime que l’usage du confinement doit être réévalué, c’est à dire désormais éviter sauf catastrophe.
C’est aussi une façon de répondre "non" à ceux qui prônent la politique du Covid zéro, c'est-à-dire un confinement très, très strict pendant une période limitée. Avec interdiction de circuler d’une région à l’autre.
Ce n’est pas la solution retenue par Jean-François Delfraissy. C’est plutôt l’auto-confinement volontaire des plus fragiles.