RMC
Santé

"Pilule qui rend stérile, gland de lait": Youtube, Tiktok et la troublante désinformation médicale des jeunes

placeholder video
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à utiliser Internet pour explorer leur sexualité et s'informer, selon les chiffres d'une étude Kantar que RMC dévoile en avant-première. Un moyen d'information qui a ses limites tant la désinformation est présente sur les réseaux sociaux.

À l'ère où les réseaux sociaux et les outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT sont devenus l’équivalent du moteur de recherche, 30% des jeunes Français s’informent sur la contraception via Internet, et 20% sur les réseaux sociaux. C'est ce que révèle une enquête Kantar pour le Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs, avec le soutien du laboratoire Organon.

Le choix de la rédac : L'éducation sexuelle des jeunes via Internet - 04/09
Le choix de la rédac : L'éducation sexuelle des jeunes via Internet - 04/09
4:35

Mais alors quels genres de contenus ils voient passer sur leurs fils d’actualité? Pour ceux qui ne sont pas habitués de Tiktok, Instagram, Youtube et autres voici quelques exemples de fausses informations qui circulent:

"Soit-disant il y a une pilule qui fait qu’un homme peut tomber enceinte”, “la pilule du lendemain, il y en a qui dise qu’on la prend une fois et après, on est stérile à vie, donc on ne sait pas quoi en penser”, “Il y en a qui parlent du gland de lait. Ce serait à la puberté, on perdrait son gland et il y en a un nouveau qui repousse. J’y ai cru en plus pendant un moment en plus...”, témoignent ces jeunes.

Une désinformation aux conséquences lourdes

Ça c’était le mauvais côté des réseaux sociaux. Et pourtant, non, la nouvelle génération n’est pas perdue. Ils ont tous une idée de ce qui cloche. “Déjà, il y a un manque de connaissances du sujet et puis peut-être qu’on ne nous en parle pas assez”, estime Jules. “Moi, j’ai des parents qui m’ont parlé du sujet. Ils m’ont dit de faire attention”, assure Jeff.

Face à cette désinformation, il y a des conséquences. Ça mène à une hausse des maladies sexuellement transmissibles, et des interruptions volontaires de grossesse… Le nombre d’avortements est à son plus haut niveau depuis 30 ans, particulièrement chez les 25-29 ans. Ça, ce sont des faits, et justement, c'est parfois le problème. Une des femmes qu'on a entendu me dit se fier davantage aux témoignages qu'aux vidéos de soignants que l'on peut voir sur les réseaux sociaux.

Ces médecins qui investissent le terrain des réseaux sociaux

C'est pour faire face aux fausses informations notamment que vous voyez de plus en plus de soignants sur les réseaux sociaux comme Aurel Guedj, le médecin de RMC par exemple. Il y a également le compte de la Docteure Laure Geisler, généraliste derrière le compte @lecoeurnet.info sur les réseaux. Un rôle parfois critiqué, mais son audience parle pour elle. Elle est suivie par plus de 200.000 followers sur TikTok, majoritairement des ados garçons.

“Pour le moment notre place, elle est là. Je pense que c’est important parce qu’à la maison, on n’a pas les bons outils, à l’école, c’est important que ce soit fait, mais les moyens sont insuffisants. On sait aussi que tout ce qui est consentement, ça doit s’apprendre en dehors du cadre familial parce qu’on sait que malheureusement quand ça dérive ça peut se passer dans le cadre familial”, appuie-t-elle.

En effet, on le rappelle, toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle.

Un dialogue parents-enfants pas toujours facile

Alors évidemment, il y a des limites. D’abord, rien ne vaut un avis médical personnalisé, c'est à ça que vous reconnaissez les vrais "influ-médecins". C'est aussi ce que pense le gynécologue Israël Nisand, qui insiste sur le rôle décisif des parents.

“Les parents sont légitimes pour essayer de transmettre un certain nombre de comportements moraux qu’ils estiment légitimes. Et personne d’autres ne peut se mettre à leur place pour le faire. Autant ils sont indispensables pour les fondamentaux dans le jeune âge. Autant, ils ont besoin d’aide et d’une aide de tiers au moment où la sexualité s’installe”, appuie-t-il.

Il suggère également que des soignants soient mis à contribution pour aller donner des cours dans les écoles… Car alors que la France occupe la première place dans l'Atlas de la contraception, qui évalue les politiques en matière d'accès à la contraception seuls 24 % des 18-30 ans citent l’école comme source d’information selon l'étude du laboratoire Orgagnon.

L'une des clés, c'est l'information et la discussion insistent les soignants. Si vous êtes parents, c'est un moment gênant à passer… Mais vous pouvez répéter à ces enfants et adolescents que déjà il n’y a pas de questions absurdes.

Solène Leroux avec Guillaume Descours