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"Plus jamais": le traumatisme d'une mère après un accouchement difficile dans une petite maternité

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Comme l'explique un rapport rendu mercredi par l'Académie de médecine, certaines maternités qui réalisent peu d'accouchements chaque année, représentent un danger pour les femmes et leur bébé du fait du manque d'expérience des personnels.

Une proposition choc a été faite mercredi, elle vise à réduire de 20% le nombre de maternités en France. Cette proposition ne vise pas à la fermeture des petites maternités. Elles continueraient à faire le suivi de grossesse, mais ne réaliseraient juste pas les accouchements. Sont notamment visés 111 établissements qui réalisent moins de 1.000 accouchements par an. Pour le chef de la maternité de l’hôpital Necker à Paris, Yves Ville, ces maternités constituent un danger pour les jeunes femmes et leur bébé : ils manquent de personnels et perdent de l'expérience à force de faire trop peu d’accouchements.

Camille, 24 ans, en a subi les conséquences à Guingamp. En janvier 2021, Camille accouche et se rend dans l'hôpital le plus proche de chez elle. Dans cette maternité, moins de 1000 femmes accouchent chaque année. Pour elle, rien ne se passe comme prévu, elle doit attendre trois jours pour voir un médecin.

“Il y a une gynécologue qui m’a ausculté. Rien qu’à toucher mon ventre, elle m’a emmené faire une échographie d’urgence. Et effectivement, je faisais une hémorragie d’utérus. Donc j’ai fini au bloc d’urgence parce que j’étais en train de mourir. Le médecin m’a clairement dit que si j’étais rentrée chez moi, je serais morte dans la nuit”, indique-t-elle.

Un rôle de proximité trop important?

Depuis, la jeune maman est traumatisée. “J’ai peur que ça revienne, qu'il y ait encore d’autres soucis. Je me dis que je n’aurais qu’une fille, des enfants, je n’en veux pas d’autres. À cause de ça, je ne veux plus d’enfants. Quand il y a des trucs graves comme ça, les sages-femmes, elles ne savent pas, elles n’ont pas conscience du danger de la mort. Elles ne sont pas médecins, juste sage-femmes ”, justifie-t-elle.

Le rapport pointe un déficit d'expérience à cause d’un manque de pratique. Mais pour Gersende Marceau, sage-femme au planning familial, il faut continuer les accouchements et trouver des gynécologues supplémentaires.

“Elles ont un rôle trop important en termes de proximité. Pour toutes les personnes qui accouchent dans des petites maternités, ça les éloigne encore plus et il y a un danger encore plus important pour la santé sexuelle et reproductive des femmes”, dénonce-t-elle.

Pas question de fermer les maternités pour le professeur Yves Villes, elles assureront toujours le suivi de la grossesse.

Solène Leroux, Pierre Bourgès et Jean Wilfrid Forquès (avec G.D)