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Potentielle fin de la liberté d'installation: la fuite à l'étranger des médecins français s'accélère

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Depuis que la proposition de loi Garot a été votée en première lecture, de plus en plus de praticiens envisagent l’expatriation. Attirés par de meilleures conditions à l’étranger, notamment au Québec ou au Moyen-Orient, ils dénoncent un système de santé français en perte de vitesse.

Cela fait trois semaines que la proposition de loi Garot a été votée en première lecture, tout comme la fin de la liberté d'installation des médecins. Et cette future obligation a une conséquence concrète: certains médecins envisagent de partir à l'étranger.

C'est un phénomène qui s'amplifie. Il y avait déjà "la détérioration du système de santé français", mais en plus, "les possibles futures contraintes à l'installation, ça rebat les cartes", dit un membre de l'Ordre des médecins. Résultat, en 2023, on estime qu'ils étaient 4.500 expatriés. C'était moitié moins, il y a quinze ans.

43% des étudiants envisagent de partir si la loi Garot est adoptée

Des médecins davantage séduits par les pays francophones: la Suisse, la Belgique, ou même le Québec. Mais une autre zone émerge: les pays du Moyen-Orient. Un interne raconte à RMC qu'il ne se passe pas une semaine sans que son chef reçoive une offre d'emploi pour les Émirats Arabes Unis ou le Qatar. Avec pas mal d'avantages: les billets d'avion pris en charge pour toute la famille, le logement et la voiture aussi, le salaire évidemment.

"C'est presque indécent", souffle cet interne.
Les indiscrets : Médecins, la tentation de partir exercer à l’étranger - 28/05
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Mais certains n'hésitent pas. Le généraliste Sylvain Hirsch est aussi enseignant, et il a fait le calcul: 17% de ces anciens étudiants se sont expatriés. Une tendance accentuée depuis le Covid: chaque année désormais, un de ces huit internes part à l'étranger. Ils sont loin d'être les seuls: un récent sondage montre que 43% des étudiants envisagent de partir si cette loi Garot est définitivement adoptée.

Une photographie prise à un instant T, en pleine mobilisation, et donc "à relativiser", tempère Killian L'Helgouarc'h, président de l'Intersyndicale nationale des internes, mais qui sous-entend un vrai malaise dans la profession.

Solène Leroux