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Qui est Stéphane Bancel, le directeur du laboratoire américain Moderma?

LE PORTRAIT DE POINCA- Le français qui dirige le laboratoire américain Moderna a annoncé lundi un nouveau vaccin contre le coronavirus.

“C’est le français qui va peut-être sauver le monde”. C’est comme ça que Stéphane Bancel avait été présenté à Donald Trump lors d’une réunion à la maison blanche le 2 mars dernier. Ce jour-là, il avait annoncé au président américain qu’il pensait pouvoir faire un vaccin en quelque mois, alors que tous les patrons des grands laboratoires présents disaient qu’il faudrait plusieurs années. Et il est en passe de tenir parole.

Stéphane Bancel, c’est un Marseillais, qui a aujourd’hui 47 ans. Enfant, il était passionné par les maths et l’informatique, pas très bon dans les matières littéraires. Un peu dyslexique.

Il va au lycée chez les jésuites à Versailles, il fait la prestigieuse École Centrale, en se faisant remarquer parce qu'il se rajoute des cours de biologie et qu’il apprend le japonais. Il commence sa carrière chez bio-Mérieux au Japon. Puis rejoint des grands laboratoires américains puis de nouveau le français Mérieux comme directeur général. 

En 2011, il est contacté par un ami qui vient de faire une expérience. Il a inoculé une molécule de luciole à une souris. Et la souris s’est mise à briller, à être luminescente comme une luciole. Son ami lui propose de monter une boite pour créer des médicaments à base de protéine qui modifie l’ADN. Ce qu’on va appeler l‘ARN messager.

Une fortune estimée à 3 milliards de dollars

"Ça ne marchera jamais” répond Bancel à son ami. Le soir, il explique à sa femme que cette société à 1% de chance de réussir. “Alors vas-y”, lui répond sa femme, américaine. Il y est allé et il a créé Moderna. La société à la renommée mondiale depuis lundi. 

Voilà pour la légende, mais il y a un mais: Stéphane Bancel n’est pas sympathique. Si l’on en croit les témoignages recueillis par le magazine Vanity Fair, il est bouillonnant, arrogant, insupportable. Très dur avec ses employés, impitoyable avec ceux qui le déçoivent. On parle d’e-mails agressifs, de réunions hostiles, d'environnement toxique. On dit que chez Moderna, si tu vas aux toilettes, tu entends les gens pleurer. Il ne nie pas cette dureté. Dans une interview, il a dit. “Est ce que c’est intensif de travailler avec moi? La réponse est oui. Est ce que je le regrette? La réponse est non”. 

Et il n’a effectivement rien à regretter. Il est peut-être le français qui va sauver le monde, comme dit Trump. Moderna est un énorme succès. Et la fortune personnelle du petit Marseillais est estimée depuis lundi à plus de trois milliards de dollars. Incroyable success story, tant pis s'il est moyennement sympa.

Nicolas Poincaré