Remboursement des lunettes: trop d'opticiens? "Il y a un business", selon la Mutualité française

Les mutuelles veulent serrer la vis sur les remboursements de lunettes et d'audioprothèses. Le président de La Mutualité française, Éric Chenut, a réitéré ce lundi sur RMC la proposition d'allonger les délais de renouvellement des équipements optiques et auditifs.
Éric Chenut y voit une potentielle source d'économies pour la Sécurité sociale comme pour les mutuelles. Il propose de se faire rembourser les nouvelles lunettes tous les trois ans, contre deux aujourd'hui et tous les cinq ans pour les audioprothèses.
Des méthodes marketing abusives
"On ne veut pas moins rembourser, on dit simplement qu'il faut se recentrer sur les soins essentiels. Est-ce qu'il est normal de recevoir sur son smartphone des sms d'opticiens qui, au moment de l'arrivée des deux ans où on a eu une paire de lunettes, disent : 'Venez pour une paire de lunettes gratuites'", argumente Éric Chenut au micro d'Apolline Matin. Le président de La Mutualité française dénonce ainsi les "évolutions marketing" qui font que les mutuelles "remboursent des choses qui ne sont pas nécessaires".
"Je ne crois pas que les assurés cèdent au système. Ils cèdent à un certain nombre de sirènes marketing", estime le président de la Mutualité française Eric Chenut
Pour Éric Chenut, il y a trop d'opticiens en France. "Il y a 13.000 magasins d'optique dans notre pays, c'est autant que sur tous les États-Unis. Il y a un business", insiste le président de La Mutualité française, qui "attend aussi du gouvernement des outils et des moyens pour partager des données avec l'assurance maladie pour lutter contre la fraude".
"Il y en a qui abusent. Il y a beaucoup de fraudes à la Sécu des professionnels de santé, que ce soit dans l'optique ou le dentaire. Les mutuelles luttent contre ça", fait savoir auprès de RMC Mathieu, responsable commercial pour une mutuelle.
Le patient pénalisé
Mais pouvoir changer de lunettes ou de prothèse auditive, c'est une nécessité, rétorque Yves Grégoire, président de France assos santé Normandie: "Ce qui sont concernés, c'est ceux qui ont besoin de changer leur monture et leurs verres tous les ans ou tous les deux ans, qui ne pourront pas attendre une année de plus."
Les changements souhaités par La Mutualité française pourraient mettre des Français dans des situations de précarité, abonde Yves Grégoire. "Soit ils prendront sur leurs économies et leur pouvoir d'achat au détriment d'autres choses, soit ils ne suivront pas. C'est un problème grave. Je pense que les économies ce n'est pas là-dessus qu'il faut les faire", justifie-t-il.
La proposition est d'autant plus incompréhensible pour Yves Grégoire que le coût des mutuelles est en hausse et celui-ci craint que de plus en plus de Français renoncent à leurs contrats.