"Une douche par semaine": les résidents d'Ehpad victimes d'un modèle "à bout de souffle"

Les assises nationales des Ehpad démarrent ce mardi. L'objectif, entre autres, est de faire un point sur l’état de santé du secteur, plus que jamais en difficulté. Pour la première fois depuis 10 ans, les établissements du groupement associatif Odélia sont déficitaires.
Son directeur, Franck Descotes, est à court de solutions. Il est obligé de trouver des moyens d'économiser, comme limiter les douches pour les résidents: "Ils ont une douche par semaine. Dans les enquêtes de satisfaction, ça ressort, les résidents veulent plus de douches. Mais je ne peux pas".
"Mes soignantes sont épuisées. Mes trois infirmières cheffes de mes trois Ehpad ont toutes fait un burn-out", alerte-t-il.
Selon lui, c'est tout un système qui déraille: "Quand l'ARS me répond 'mais monsieur Descotes, vous n'êtes pas tant en déficit que ça, de quoi vous vous plaignez', on ne regarde que les chiffres, donc comment voulez-vous que si nous on est maltraités par l'État, on arrive à bien traiter les gens malgré tout notre bon coeur et notre éthique".
En moyenne, d’après la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires), les Ehpad ont des déficits de 250.000 euros.
Des structures menacées de fermeture
La situation ne fait qu’empirer selon Didier Chesnais, délégué régional de la Fédération des Ehpad privés solidaires, pour qui "c'est la première année où on entend des directions qui nous disent 'on démissionne et on va changer de métier'".
"Nous attendons des réponses concrètes et rapides. Dans moins d'un an, je pense qu'il y aura des structures qui auront fermées. Ça commence déjà. Il faut vraiment revoir le modèle économique de nos Ehpad, puisqu'il est à bout de souffle. On va clairement dans le mur", s'inquiète Didier Chesnais.
D’ici la fin du mois, un rapport sénatorial doit publier des préconisations pour sortir le secteur de cette situation économique. Selon nos informations, les trois-quarts des Ehpad sont en lourd déficit.