Vaccin contre le Covid-19: pourquoi faut-il se méfier des effets d'annonces des laboratoires ?

Le coronavirus circule toujours activement sur le territoire. Près de 13.000 nouveaux cas ont été détectés en 24h sur le territoire selon Santé Publique France qui recense également 64 nouveaux décès. Et en attendant un vaccin contre le Covid-19, Olivier Véran le ministre de la Santé pourrait annoncer de nouvelles mesures sanitaires drastiques ce jeudi alors que la situation s'est dégradée à Lille, Lyon, Toulouse, Grenoble et Paris et se rapproche de celle des Bouches-du-Rhône et de la Guadeloupe.
"Si l’on veut garder des capacités d’hospitalisation pour les plus fragiles, il va falloir agir sur les endroits où l’on a une grande promiscuité et où l’on est sans masque. Et là où on enlève le masque, ce sont les lieux de convivialité et les universités. Et quand les plus jeunes sont infectés, quelques semaines après, ce sont les moins jeunes et après les plus âgés. C’est ce qu’il s’est passé à Marseille. Les catégorie d’âge les plus jeunes étaient touchées, on ne s’est pas inquiétés mais ensuite le Covid-19 a touché des catégories d’âge plus élevées et plus fragiles", explique ce jeudi sur RMC le professeur Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses au sein de l'hôpital Saint-Antoine à Paris.
Pour autant, elle ne pense pas qu'un reconfinement soit judicieux: "Il faut trouver une balance entre le sanitaire et la vie sociale et économique. Mais si l’on renonce à cette vie sociale et économique, il faut aussi savoir que ce n’est que pour des périodes courtes de quelques semaines pour tasser la courbe épidémique. C’est avec ça qu’il va falloir vivre pour les prochains mois et peut être les prochaines années".
Les méthodes des labos anglais "éthiquement discutable"
Car sans vaccin, pas de répit sanitaire juge Karine Lacombe. En effet, même avec les protections de base, il est en l'état impossible d'empêcher de nouvelles infections et l'arrivée de nouveaux patients à l'hôpital. Et le virus reste dangereux : "Il va falloir faire avec le coronavirus tant qu’on n’a pas de moyen de prévention avec le vaccin même si on meurt moins du Covid-19. Si on a même diminué la durée de passage en réanimation on ne l’a que peu fait baisser", juge-t-elle.
Si le monde entier a les yeux rivés sur les laboratoires à la recherche d'un vaccin, Karine Lacombe alerte sur les effets d'annonces: "Quand un laboratoire dit, 'j’ai une super molécule' ou 'j’ai un vaccin qui arrive et qui est très prometteur', il tente de faire une levée de fond. Car pour faire des levées de fonds, il faut communiquer. Je pense que c’est sur-joué. J’espère que le futur me donnera tort et qu’on aura un super vaccin dès janvier".
Empressement et vaccin ne font donc pas bon ménage. En Angleterre, les laboratoires essaient d’aller le plus vite possible et pourraient bientôt faire vacciner des volontaires avant de leur inoculer le virus : "Cela me choque, éthiquement c’est extrêmement discutable. On connaît les symptômes du Covid-19. Si le vaccin marche dans 80% des cas, un taux de protection très élevé, 20% vont se retrouver avec les symptômes du nouveau coronavirus, c’est prendre un risque important", juge la cheffe de service.