"Si je reste dans mon pays je meurs aussi": le dilemme des immigrés tentant de rallier l'Angleterre

Tristesse, colère et indignation après le naufrage d'une embarcation dans la Manche samedi, ayant causé la mort d'au moins 6 personnes, des exilés afghans qui tentaient de rejoindre l'Angleterre. Le bilan est encore provisoire, alors que les recherches continuent pour tenter de retrouver deux autres personnes, toujours portées disparues.
La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) à Paris s'est saisie de l'enquête ouverte pour homicides et blessures involontaires.
A Calais, port historique de liaison entre France et Royaume-Uni, avec l’arrivée du beau temps, les tentatives de traversées ont repris de plus belle mercredi soir. A date, 755 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises, un record depuis le début de l’année.
Cela fait désormais 8 ans que Timo a quitté l’Éthiopie. Installé à Calais depuis quelques mois, il espère que l’Angleterre sera sa dernière étape.
"J’ai été dans beaucoup de pays, mais ils ne veulent pas de moi. Alors cette fois c’est ma dernière chance de rejoindre l’Angleterre. J’y ai de la famille, on verra si c’est bien, mais au moins on a de l’espoir là-bas", explique Timo.
Malgré les dangers de la mer, l'Ethiopien reste déterminé, avec fatalité. "De toute façon si je reste dans mon pays je meurs aussi", assure-t-il, froidement. Juste à côté de lui, Moussa, un autre exilé éthiopien acquiesce...
Plus de 45.000 traversées en 2022
A Calais depuis 6 mois, il a déjà tenté de traverser la Manche à trois reprises. "Une fois la police a utilisé un couteau pour crever le bateau… et une autre fois le moteur a lâché en pleine mer et ils m’ont ramené à la police", raconte l'homme.
Alors, face à des personnes déterminées à passer la frontière à n'importe quel prix, Adèle Stouffs, appelle à mettre en place des voies de passage sûres.
La coordinatrice d’Utopia 56, une association de défense des droits des personnes en situation d'exil et de migration, assure que les responsabilités reposent sur "les frontières et ce qu'on y fait, comment on instrumentalise et on militarise ces endroits".
"Si on mettait en place des voies de passage légales, sûres, on n'aurait pas ces morts à la frontière", assure Adèle Stouff, coordinatrice chez Utopia 56.
Pour Timo et Moussa, la prochaine traversée est déjà prévue, ce lundi ou mardi tout au plus. La météo sera le point essentiel pour décider.
En 2022, près de 45.000 personnes avaient traversé la Manche pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni.