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Société

Sur les réseaux et dans les médias, un masculinisme de plus en plus assumé

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Une étude du Haut Conseil à l'Égalité révèle que les discours sexistes et notamment les discours anti-féministe sont de plus en plus présent. Un phénomène qui se voit notamment sur les réseaux sociaux où les discours haineux se libèrent.

Les masculinistes ont le vent dans le dos en France. Selon le Haut Conseil à l'Égalité, les discours sexistes gagnent en visibilité et la société se polarise. Huit ans après MeToo, la lutte pour l’égalité hommes-femmes semble marquer le pas dans la société. Le Haut Conseil à l’Égalité vient de publier son rapport 2025 sur l’état du sexisme en France.

Et à la lecture de celui-ci, on comprend que les femmes sont de plus en plus féministes et les hommes de plus en plus masculinistes. Le masculinisme, c’est “l’ensemble de revendications cherchant à promouvoir les droits des hommes et leurs intérêts dans la société au détriment de ceux de femmes”. Le mot est synonyme d'“anti-Féminisme”.

Et sur les réseaux sociaux, ça donne ça : "Il existe trois types de femmes, la brebis, la chienne, et la louve", "une femme qui travaille, c’est indigne", "tu dois la punir lorsqu’elle te manque de respect"...

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Le dossier compliqué par Matthieu Belliard : Metoo et égalités, une société de plus en plus divisée - 21/01
3:30

Une polarisation très visible chez les jeunes

Déjà il y a deux ans, le même Haut Conseil à l’Égalité dénonçait des “raids masculinistes” en ligne pour réduire les femmes au silence. Un tiers des hommes interrogés pensaient que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société. Le rapport souligne le danger du “backlash”, un anglicisme qui décrit un “retour de bâton” des parties les plus conservatrices de la société. Une réponse au progrès des droits des minorités, les femmes en particulier. Une réponse au mouvement MeToo donc.

Le Haut Conseil à l’Égalité publie également un sondage qui nous dit que les hommes se tournent plus volontiers qu’avant vers des valeurs traditionalistes. Ils pensent que les femmes doivent être fidèles en amour, avoir peu de partenaires sexuels. La femme doit être sensible, douce, discrète, être mince, se maquiller et faire passer sa famille avant sa carrière…

Cette polarisation hommes-femmes touche particulièrement les jeunes. 94% des femmes de 15 à 24 ans considèrent qu’il est plus difficile d’être une femme dans la société actuelle. Mais chez les jeunes hommes, 45% estiment qu’il est difficile d’être un homme dans la société. Et ce chiffre a presque doublé en deux ans chez les 15-24 ans.

La tendance est à un retour des stéréotypes de genre. 67% des hommes de moins de 35 ans pensent que leur genre implique d’être sportif, la moitié pensent qu’il faut savoir se battre, 46% qu’il ne faut pas montrer ses émotions.

Une violence banalisée?

Pour le Haut Conseil à l’Égalité, les médias jouent un rôle dans cette polarisation avec une parole sexiste libérée, débridée ces derniers temps. Une étude de l’INA démontre que sur les cinq dernières années, on n’a jamais autant prononcé l’expression “MeToo” qu’au premier semestre 2024. Pourtant, dans le détail, on découvre qu’il s’agissait souvent de banaliser ou de minimiser les violences de genre.

L’opinion publique apparaît plus nuancée que ce que l’on voit sur les plateaux. D’ailleurs, 94 % des personnes interrogées considèrent que les hommes ont un rôle à jouer dans la prévention et la lutte contre le sexisme dans la société.

Cette polarisation hommes-femmes rappelle aussi l’actualité politique américaine. Et là-aussi, le clivage est parlant chez les jeunes. En novembre dernier, 45% des jeunes hommes ont voté pour le républicain Donald Trump à l’élection présidentielle, quand 72% des jeunes femmes ont soutenu la démocrate Kamala Harris.

On a vu aux Etats-Unis ce “Backlash”, ce contre-discours conservateur. L’avènement de Trump, c’est aussi la victoire d’un discours viriliste, anti-woke, de l’homme qui se sent menacé. C’est Mark Zuckerberg lorsqu’il s’est rallié au président républicain, qui a indiqué au sujet de la fin de la modération des discours haineux sur Facebook et Instagram il y a une dizaine de jours. “Une grande partie de notre société est devenue castrée en quelque sorte, ou émasculée”.

Matthieu Beliard