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349 vies sauvées grâce aux 80km/h selon un rapport: "À aucun moment vous ne trouvez une explication qui lie de manière indiscutable la vitesse à l’accident"

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Deux ans après la mise en place du 80 km\/h sur les routes secondaires en France, un rapport a révélé que cette mesure a permis de sauver 349 vies. Sauf que rien ne prouve cela pour la Ligue Défense des Conducteurs.

C’est une mesure qui a fait parler. Plus que ça, elle avait même été l’une des gouttes d’eau qui avaient fait déborder le vase des gilets jaunes. L’abaissement de la limitation de vitesse sur les routes secondaires à 80 km/h au lieu de 90 km/h avait fait largement polémique en France. L’intention du gouvernement étaient de réduire le nombre de morts sur ces tronçons.

Ministre de l’Intérieur quelques mois après l’application de cette mesure le 1er juillet 2018, Christophe Castaner expliqué à l'époque qu’elle ferait l’état d’un bilan au bout de deux ans. Nous y sommes donc. Un rapport du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) a été dévoilé en début de semaine.

"Ce bilan n’est pas vraiment celui des 80km/h"

"Le bilan définitif est de 349 personnes dont la vie a été sauvée sachant que ce rapport ne couvre que 20 mois puisqu’on a écarté les 4 derniers pour cause du Covid 19", explique ce dimanche sur RMC Alexandra Legendre, responsable pôle études et communication de la Ligue de Défense des Conducteurs.

Si le bilan parait plutôt bon, il livre plusieurs zones d’ombres. Pour Alexandra Legendre, rien n’indique que cette mesure a permis de sauver ces 349 vies.

"Dans ce rapport, à aucun moment vous ne trouvez une explication qui lie de manière indiscutable la vitesse à l’accident, s’étonne-t-elle. À vrai dire, le plus incroyable dans ce rapport, c’est qu’à aucun moment il dit qu’il couvre tous les tronçons à 80 km/h, tout bêtement parce que la carte des 80 km/h en France n’existe pas. Il explique que 349 vies ont été sauvées sur les routes hors agglomérations et autoroutes. Donc, bien sûr, il inclut d’autres limitations de vitesses comme les 70, 90 ou 110 km/h. Ce bilan n’est pas vraiment celui des 80km/h", clame-t-elle.

"Le gouvernement a noyé le poisson"

"Notre théorie est que le gouvernement ne pouvait pas dire que cette mesure n’a pas été efficace, analyse Alexandra Legendre. Donc, par des moyens extrêmement compliqués, des calculs, des équations avec des dizaines d’inconnues auxquels personne ne comprend quoique ce soit, le gouvernement a noyé le poisson".

"C’est assez navrant car on part du postulat que l’accident qui a été causé ne l’a pas nécessaire été par la vitesse. Dans ce rapport, on ne voit également pas mention du trafic routier, qui a été moins important mais aussi les progrès des véhicules, la dégradation des infrastructures…"

En Janvier 2019, en pleine crise des Gilets Jaunes, Christophe Castaner avait expliqué que "si cette mesure n'a servi à rien, alors oui nous pourrons revenir au 90 km/h". Le gouvernement avait alors expliqué vouloir sauver 300 à 400 vies par an. Loin du résultat escompté, la question est désormais la suivante : Qu’en est-il maintenant ?

Maxime Trouleau