"Abus, dérives": les primes pour les contrôleurs RATP qui dressent des amendes choquent les Grandes Gueules

Jusqu'à 10%. À Paris, les contrôleurs de la RATP touchent bien une prime lorsqu'ils dressent des amendes dans le métro et le RER et que celles-ci sont directement payées par les contrevenants.
Une pratique révélée par Le Parisien et qui étonne ce jeudi sur le plateau des Grandes Gueules: "Ça crée un climat qui est purement détestable" juge l'économiste Frédéric Farah, qui se dit "très choqué".
"Ça crée quelque chose qui pousse à la verbalisation. Je pense qu'il y aurait d'autres manières d'inciter et de maintenir le pouvoir d'achat des contrôleurs", argumente-il sur RMC.
La question du discernement
L'avocat Charles Consigny partage cet avis. Selon lui, cela "ne peut entraîner que des abus, des dérives qui ne peuvent pas "aller dans le sens de l'usager". "Il y a forcément des cas où le contrôleur va manquer de discernement et infliger une amende excessive parce qu'il pensera à son pourcentage derrière", se désole l'avocat qui plaide pour une suppression de ce système.
"Je trouve qu'ils n'ont pas toujours une attitude exemplaire, avec les touristes ils sont souvent très agressifs. Je ne suis pas loin de penser qu'ils vont parfois un peu vite en besogne pour les verbaliser", ajoute Charles Consigny.
Selon les informations du Parisien, les contrôleurs touchent, chaque mois, jusqu'à 10% de la recette globale des amendes dressées par leur équipe. Selon Lionel, contrôleur à la RATP, ce système "a toujours existé, donc je ne pense pas que ça les pousse plus aujourd'hui qu'hier". Il assure lui faire preuve de "discernement".
"Nous préférons tous quand un train est clean. Quand tout le monde est en règle, vous ne savez pas comme c'est un bonheur, tout est carré", ajoute François, contrôleur à la SNCF. Ce dernier valide l'existence de cette prime: "C'est comme un vendeur de vêtements, il prend sa commission."
Une prime différente dans les bus et tramways
Lionel, le contrôleur RATP assure néanmoins que cette prime de "versements immédiats n'existe pas sur le réseau de bus et de tramways, appelé réseau de surface". Il existe un autre système, selon Le Parisien. Dans les bus, les contrôleurs peuvent recevoir une prime annuelle de 1.200 euros versée chaque année selon deux critères: le taux de validation et les recettes des amendes qui doivent atteindre un certain pallier, fixé par Île-de-France Mobilités, qui organise les transports dans le département.
Ce contrôleur de la RATP se désole finalement surtout de l'incompréhension et le "climat délétère auprès des clients" que peuvent créer les informations révélées ce mercredi.