Baisse de la mortalité routière: est-ce grâce au passage à 80km/h ? Ça fait débat sur RMC

C’est une des mesures les plus controversées depuis l’arrivée à l’Elysée : le passage à 80km/h sur les routes secondaires. Mise en place pour lutter contre la mortalité sur les routes, elle avait été vivement critiquée par les associations de motards et automobilistes.
Sur les onze premiers mois de l’année, les chiffres de ma mortalité routière sont en tout cas en net recul. 200 morts de moins par rapport à 2017. Mais malgré ce chiffre encourageant, difficile encore de dire que c’est grâce à la baisse de la vitesse sur les routes secondaires. En effet, il n’y a pas encore assez de recul. L’expérimentation a commencé le 1er juillet. Il faut attendre au moins une année complète pour pouvoir commencer à comparer les chiffres.
Mais ce qui est sûr, c’est que l’effet d’annonce a fonctionné. Tout au long du débat que les 80km/h ont suscité, on a rappelé en boucle "3400 morts tous les ans, 10 morts par jour, 24.000 blessés graves…" Il y a donc eu un effet psychologique, couplé à la peur du radar, qui a fait ralentir les automobilistes.
La peur de la sanction
"On se retrouve à lever le pied souvent à cause de ça. Je pense que je suis plus prudent que d’autres années", confie Yves. Alex lui roule "beaucoup" au limiteur de vitesse. Un bon moyen pour lui pour "éviter de se faire avoir". "Je me cale à 130km/h et je vois que je double beaucoup de monde donc je pense que les gens roulent 5 à 10 km/h en dessous. Donc je pense qu’ils commencent à prendre conscience par rapport à la sécurité", ajoute-t-il.
Pour savoir s’il y a un lien avec les 80 km/h, il faudra géolocaliser tous les accidents qui se sont produits sur des routes à 80 et comparer avec l’époque où ces mêmes routes étaient à 90. En attendant, il faut rester prudent pour maître Jehanne Collard, avocate spécialisée dans la défense des victimes de la route.
"Est-ce que c’est le 80km/h en lui-même qui est à l’origine de cette baisse ou est-ce que c’est l’effet d’annonce qui a induit un changement de comportement ? Au stade où on en est, c’est encore probablement l’effet d’annonce plutôt que la mesure en elle-même. Il y a immédiatement un effet de peur de la sanction et donc une chute des accidents. Mais pour gagner le combat de la sécurité routière, il faudrait une adhésion des Français à cette mesure. Aujourd’hui grâce à cette disposition et à l’annonce qui a été faite, on a sauvé des vies", analyse l’avocate.
Au mois de juin déjà, on comptait déjà 100 morts de moins par rapport à l’année 2017. 200 morts fin novembre. La baisse semble donc actée pour cette année 2018. Mais attention aux chiffres de décembre, mois particulièrement dangereux. Pour la nuit du 31, par exemple, moins de la moitié des Français s’est organisée pour ne prendre le volant alcoolisé.