Contrôle technique annuel des voitures voulu par l'UE: "80€ en plus, ça commence à faire beaucoup"

Nouveau bras de fer entre le gouvernement français, les automobilistes de l'Hexagone et la Commission européenne. Après les débats autour du contrôle technique des deux roues, les tensions se concentrent autour de celui des voitures de plus de 10 ans. L'institution européenne souhaite en imposer un supplémentaire par an pour améliorer la sécurité routière.
Le gouvernement de la France y est "résolument opposé" a indiqué, mardi, le ministre des Transports à l'Assemblée nationale. Tout comme Yves Carra, porte-parole de l'association Mobilité Club France qui se dit, sur RMC mercredi, "un petit peu perplexe sur cette mesure".
"S'il y avait une vraie étude qui nous prouverait qu'effectivement les véhicules de plus de 10 ans causent plus d'accidents que les autres et que ça vaudrait le coup de faire un contrôle technique, je crois qu'on serait tous d'accord, or là, il n'y a pas d'étude, il n'y a rien", justifie-t-il au micro de Charles Matin.
Les automobilistes refusent en bloc
Cette mesure "pourrait toucher des millions de Français", a alerté Philippe Tabarot et "frapperait d’abord nos concitoyens qui n’ont pas les moyens de s’offrir une voiture plus récente". En effet, un contrôle technique supplémentaire représenterait "80 euros" en plus, selon Yves Carra, pour les propriétaires de voitures de plus de 10 ans, "qui généralement sont détenues par des personnes qui ont peu de moyens."
Un véhicule sur deux serait concerné par cette obligation annuelle sur les routes françaises. "Si c’est obligatoire je le ferai mais je trouve que c’est trop. Je ne pense pas qu'il soit indispensable de faire un contrôle technique de façon aussi fréquente", estime Geoffroy concerné par cette mesure. En France, le contrôle technique est, actuellement, obligatoire tous les deux ans.
"Limiter à l'état des pneus et au système de freinage. Ça serait plus pertinent"
Ce coût supplémentaire est "scandaleux", s'énerve Elias. "Il y a un moment donné on aimerait bien juste rouler. Payer notre essence en plus, il y a une assurance aussi, enfin on aimerait juste vivre à un moment donné."
"Ça commence à faire beaucoup. Si c'est des grosses défaillances, n'importe qui de normalement constitué va aller au garage tout seul", ajoute Elias.
Si l'obligation est adoptée et mise en place en France, Elias ne le fera pas, au risque de payer l'amende de 135 euros. Pour éviter d'en arriver là, Mbarek propose, lui, d'adapter les contrôles techniques. "Peut-être qu'on n'est pas obligé de faire des contrôles techniques sur tous les aspects, mais limiter à l'état des pneus et au système de freinage. Ça serait plus pertinent", estime-t-il.
De son côté, le porte-parole de l'association Mobilité Club France pense qu'il faudrait "peut-être envisager quelque chose d'intermédiaire": conserver le contrôle tous les deux ans, mais être "plus strict sur les éléments de sécurité comme les plaquettes de frein, les pneus, l'éclairage". Cette option aurait l'avantage, selon lui, de ne pas "alourdir le budget".
La ligue de défense des conducteurs, qui s’oppose aussi à la mesure, a observé que les défaillances les plus fréquentes ne'étaient pas liées à la vétusté du véhicule, mais concernaient le réglage des phares et des pneus un peu lisses.