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Des cadres de la SNCF jouent les "gardes du corps" pour escorter les conducteurs non-grévistes

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Alors qu'une nouvelle séquence de grève débute ce jeudi soir, la direction de la SNCF fait escorter certains conducteurs de trains non-grévistes pour éviter qu'ils  soient pris à partie par leurs collègues grévistes. Reportage avec Jean, cheminot qui n'a jamais fait grève.

La troisième séquence de la grève ponctuelle à la SNCF débute ce jeudi soir 20h, à la veille des vacances de printemps pour la zone C, celle des parisiens. La grève s'étend jusqu'à dimanche matin. La SNCF annonce que 200 TGV circuleront vendredi et samedi, contre 700 habituellement. Et pour permettre aux cheminots non-grévistes de travailler, la direction a décidé de les escorter. Un peu comme des gardes du corps, des cadres de l'entreprise accompagnent les conducteurs qui ne font pas grève durant leur trajet, qu'ils effectuent d'ordinaire seuls.

Ce nouveau dispositif a été mis en place sur les lignes les plus tendues. L'objectif est clairement assumé par la direction: dissuader les cheminots grévistes les plus radicaux de leur mettre la pression et de les invectiver. La SNCF a envoyé une note interne pour faire appel aux cadres volontaires mais officiellement, il n'y a pas de consigne nationale: le choix de ce dispositif est laissé aux établissements locaux, en fonction de leur perception des risques pris par les conducteurs.

"On nous traite de lâche, de collabo"

Jean conducteur de train qui ne fait jamais grève bénéficie de ce dispositif. Des mouvements sociaux, il en a connu beaucoup, mais c'est la première fois qu'il est protégé par un cadre de la SNCF. "C'est de la prévention pour éviter d'être pris à partie verbalement, explique-t-il sur RMC. S'il y a un fort taux de grévistes, le peu de non-grévistes ne doivent pas être embêtés". Pour Jean, le dispositif est justifié, tant il lui est impossible de travailler sereinement les jours de mobilisation à cause de certains grévistes jusqu'au-boutistes. "Sur certains sites conflictuels, il y a une chasse aux non-grévistes. On peut subir des insultes, des railleries, des mots déplacés. On nous traite de lâche, de vendu, de collabo... Au plus extrême, on peut vous crever les pneus sur le parking".

Selon ce conducteur de train, certains cheminots feraient même grève un jour ou deux non par conviction, mais pour éviter d'être mis au ban. Des tensions entre grévistes et non-grévistes sur lesquelles la SNCF ne communique pas, par peur de mettre de l'huile sur le feu. "On préfère laver notre linge sale en famille", résume une source interne à la compagnie ferroviaire.

P. Gril avec Victor Joanin