Des Uber avec des conductrices, réservés aux femmes, à Paris: "C'est une société malade"

Uber lance ce jeudi à Paris l'option "Uber by Women" qui garantira aux clientes que leur chauffeur est une femme, afin de leur apporter "plus de sérénité lors de leurs trajets", a fait savoir l'entreprise dans un communiqué de presse. L'option est sans surcoût, mais avec des temps d'attente potentiellement rallongés, explique Uber.
"Quelque 1.500 femmes chauffeurs à Paris pourront prendre en charge des passagères," indique l'entreprise. "Ce nombre étant limité, les temps d'attente sur Uber by Women pourraient être plus élevés que sur d'autres options, 15 minutes en moyenne contre 4 minutes" avec la méthode de commande classique.
L'option est naturellement réservée aux clientes, et un rappel de cette règle s'affichera sur l'application, a expliqué Uber à l'AFP. Les conductrices pourront annuler la course dans l'éventualité où un homme utilise cette option. Si aucune conductrice n'est disponible dans un délai acceptable, l'option ne s'affichera pas aux clientes, précise Uber.
Un dispositif similaire a déjà été lancé par Uber dans d'autres pays, notamment en Pologne ou en République tchèque. Avec cette option, Uber espère à la fois "féminiser la profession" tout en "assurant plus de sécurité" à ses clientes. Pour attirer les conductrices, Uber leur proposera une "réduction substantielle" des frais prélevés sur chaque course, assure l'entreprise.
"C'est la déliquescence d'une société et d'une civilisation"
Une initiative qui choque Barbara Lefebvre, qui y voit "la déliquescence" de la société. "La situation est calamiteuse pour que dans une démocratie comme la France en 2024, on doive se dire que les femmes ont besoin d'être en sécurité pour monter dans des taxis", déplore l'enseignante d'histoire-géographie sur le plateau des Grandes Gueules.
"C'est la déliquescence d'une société et d'une civilisation. La société française a toujours promu l'égalité homme-femme et la mixité. Et on en est arrivé au point que des femmes ne se sentent pas en sécurité dans des VTC", poursuit-elle sur RMC et RMC Story.
Elle estime que cela risque d'accélérer l'arrivée de taxis sans chauffeur, comme dans certaines villes des Etats-Unis: "Il n'y aura plus personne, ni homme ni femme, c'est le signe d'une société malade".
Pour l'économiste Frédéric Farah, c'est le signe d'"une société américaine", plutôt: "De plus en plus, les gens se séparent. Une société où il y a moins de mixité, de mélange, ça m'inquiète. Il y a moins de partage, même si c'est pour des motifs légitimes. Nous sommes devenus des Américains".
De son côté, Uber met aussi en avant l'attractivité du métier de VTC auprès des femmes. Uber by Women est "une excellente façon d'accroître l'attractivité du métier de VTC auprès de femmes qui ne se projetteraient pas dans cette profession", estime Laureline Serieys, directrice d'Uber en France. "Je suis convaincue que la flexibilité, l'indépendance et la capacité à générer des revenus que propose Uber sont particulièrement adaptés au mode de vie de nombreuses femmes", ajoute-t-elle dans un communiqué.