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"Expliquez-nous": bon courage à Jean-Pierre Farandou, le nouveau patron de la SNCF!

La SNCF a un nouveau président. Jean Pierre Farandou prend ses fonctions ce vendredi 1er novembre. Il remplace Guillaume Pepy qui a dirigé l’entreprise pendant 11 ans. Et pour ça, il va lui falloir beaucoup de courage.

Cet homme là, se réveille ce matin, il dirige un groupe de 142.000 salariés, avec 650 filiales. Il doit faire circuler 15.000 trains et 5 millions de voyageurs par jour.

Il a des voies bloquées par les intempéries entre Montpellier, Toulouse et l’Espagne. En plein pont de la Toussaint, il a sur les bras une grève du centre de maintenance du réseau sud-ouest qui menace maintenant de s'étendre aux autres réseaux. Une grève partie de la base, pas contrôlée par les syndicats, très difficile à gérer.

Il sort aussi d’une grève sauvage dans les TER sur la question de la sécurité et de la présence des contrôleurs. Problème qui n’est pas encore réglé.

Le premier Janvier prochain, il doit gérer la fin du statut des cheminots pour les nouveaux embauchés, et donc négocier un nouveau statut. A la même date, la SNCF devient une société anonyme à capitaux public, confrontée à la concurrence.

Mais avant même cette échéance du 1er janvier, il y aura surtout le 5 décembre. Début d’une grève illimitée, pour protester contre la réformes des retraites. Réforme qui ne dépend pas de lui mais du gouvernement, pourtant c’est bien lui qui devra gérer la crise.

Ça fait beaucoup pour un seul homme. Tout ça, pour un salaire de 37.000 bruts par mois. C’est beaucoup d’argent, mais deux ou trois fois moins que la plupart des dirigeants d’entreprise de cette taille.

Le gouvernement lui fixe des objectifs ambitieux

On lui demande de gravir l‘Everest en Tong! Le gouvernement exige que le groupe soit bénéficiaire dès 2022. Il va devoir réduire les coûts et couper dans les effectifs. 

On lui demande d'être écolo et de relancer le Fret. Notamment la fameuse ligne des primeurs entre Perpignan et Rungis. 

On lui demande de négocier avec les régions sur le maintien ou la fermeture des très petites lignes. Par exemple sur la question des 385 gares qui accueillent moins de 3 passagers par jour. 

Et enfin, il devra faire face à la concurrence des compagnies étrangères qui postulent pour faire rouler des trains sur les lignes les plus rentables, comme le TGV Paris-Lyon. Cette concurrence sur les TGV qui interviendra dans un peu plus d’un an.

Cet ingénieur de 62 ans a fait toute sa carrière à la SNCF 

Un ingénieur des mines de 62 ans mais qui en fait 10 de moins. Il est cheminot depuis 38 ans, et il parle le cheminot, “première langue” pour reprendre l’expression d’un de ses amis d’enfance bordelais. 

Il dirigeait ces derniers temps Keolis, la filiale de transports Urbain. Il a été le patron de la région Rhône-Alpes, il a lancé le TGV Nord, et crée le Thalys. Il est passé par la DRH, a dirigé aussi les TER et même les aiguillages. Bref, il a joué aux trains toute sa vie. 

Mais son premier poste en sortant de l’école, a été : chef de gare à Rodez. Et il raconte qu'à l’époque, un chef de gare assurait la circulation des trains, vendait les billets, allait livrer la voiture-bar, et si la gare était sale, et bien il passait un coup de balai. 

Il regrette cette époque ou les agents étaient plus polyvalents, il voudrait qu’à l’avenir, ils soient plus souples et moins spécialisés. Il l’a dit lors de son grand oral devant les parlementaires.

Ce qui fait dire à un syndicaliste: attention s’il demande aux contrôleurs de nettoyer les chiottes, ce sera la guerre. Bon courage, Monsieur Farandou ! 

Nicolas Poincaré