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Faut-il taxer les carburants maritimes et aériens? Ça fait débat sur RMC

Le gouvernement se dit prêt à ouvrir le débat sur la taxation du kérosène destiné au transport aérien national. La mesure pourrait rapporter 500 millions d'euros par an.

Les automobilistes paient des taxes sur les carburants. La SNCF paie des taxes sur l’électricité. Les compagnies aériennes, elles, profitent d’une niche fiscale. Avec le transport maritime, le transport aérien est l'un des seuls importants émetteurs de gaz à effet de serre à ne pas être couvert par l'accord de Paris.

En 1944 lors de la convention de Chicago, les états se sont mis d’accord pour exempter de taxation le kérosène afin d’encourager l’essor du trafic aérien international. 75 ans plus tard, la convention est caduque mais compliquée à rompre et pourrait engendrer une forte concurrence entre les pays. Cependant elle n’interdit pas les taxes internes.

500 millions d'euros par an

Certains pays comme le Japon, les États-Unis, la Suède ou la Suisse ont mis fin à cette exonération sur leurs vols domestiques, entraînant une légère augmentation sur le prix du billet. En France, le gouvernement se dit prêt à ouvrir le débat.

"Personne ne peut plus justifier que ce soit un des seuls secteurs économiques où il n’y ait pas de prix donné aux émissions de carbone", s’insurge Matthieu Orphelin, ex-député de La République en Marche, qui souhaite la fin de cette exonération fiscale, qui pourrait rapporter à l'Etat 500 millions d'euros par an.

"Il y a un risque que les avions se réapprovisionnent ailleurs"

"Par exemple sur un Paris-Lyon, où il y a des alternatives en train, les compagnies aériennes devraient être soumises à la même contribution écologique au décollage qui représenterait quelques euros sur le prix du billet", ajoute-t-il, assurant que les personnes prenant le plus l’avion sont celles qui ont le plus de moyens excluant ainsi une mesure antisociale.

Mais mettre fin à cette exonération même sur le territoire national pourrait entraîner quelques complications, explique de son côté Jean-Pierre Favenec professeur à Sciences Po et spécialiste de l'énergie.

"La difficulté c’est que les avions circulent à travers le monde et ne s’approvisionnent pas forcement en carburant en France. Si l’on augmente le prix des carburants sur le territoire, il y a un risque que les avions se réapprovisionnent ailleurs si cette taxe est uniquement imposée sur les carburants en France et pas dans les pays voisins", précise-t-il.
Bourdin Direct (avec G.D.)