Fin des voitures essence et diesel en 2040? Pour les constructeurs "c'est possible, mais..."

Le ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé la fin de la vente des voitures à essence et diesel d'ici 2040. (Photo d'illustration) - AFP
François Roudier, porte-parole du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
"L'annonce ne nous surprend pas car on est vraiment dans une dynamique de l’électrification des chaînes de traction, c’est-à-dire du véhicule électrique au véhicule hybride rechargeable (une voiture électrique avec un moteur thermique d’appoint, le contraire de l’hybride actuel).
Renault est déjà le premier constructeur mondial de véhicules électriques, PSA annonce six voitures dans les années à venir qui vont être électriques ou hybrides rechargeables. A peu près un tiers des cinq milliards d’euros dépensés chaque année dans la recherche et développement de la filière automobile sont consacrés à la motorisation, dont l’essentiel porte sur l’électrification de la voiture, et ce depuis au moins dix ans.
Nous avons bien sûr eu une concertation en amont, à très haut niveau depuis longtemps. On a d’ailleurs exprimé une demande: on a besoin du soutien des pouvoirs publics pour amorcer le marché, notamment du maintien du bonus électrique tel qu’il est. On commence à voir des voitures électriques dans les rues, ils sont visibles. Ça ne représente qu'1% des véhicules en marché, mais ça fait quand même 20.000 voitures.
On a aussi besoin d'aide sur l'infrastructure, ce qui relève du pouvoir régalien de l'Etat: s’il n‘y a pas de prises, s’il n’y a pas de législation sur la gestion des prises électriques dans les copropriétés, on a vraiment un souci et ça peut être une limite à la diffusion de nos véhicules.
"On doit arriver à des véhicules autour de 20.000 euros"
L’enjeu spécifique des constructeurs français, c'est surtout de faire des véhicules électriques qui soient achetables par nos clients. Faire des véhicules électriques comme Tesla, Volvo ou BMW à 150.000 euros, ça tout le monde sait faire. Nous, on doit arriver à faire des véhicules autour de 20.000 euros, soit le prix que les gens attribuent à leur voiture.
Sinon, l'objectif de la fin des voitures à essence et diesel d'ici 2040 ne présente pas de contrainte. Au contraire, ça montre que l’État ne se désintéresse pas de la voiture électrique et hybride rechargeable."
"Impossible en l'état, faute d'infrastructures"
La contrainte est réellement sur les infrastructures: en leur état actuel, il serait impossible d'être en tout électrique. Or, il faut s'assurer que les clients ne soient pas frustrés, qu'ils ne nous disent pas: 'Je veux acheter une voiture électrifiée mais je ne peux pas, car je ne peux pas la recharger'. En l’état actuel des infrastructures, ce serait vraiment impossible d’être en tout électrique. Il y a aussi les contraintes des gros rouleurs et de l'autonomie des véhicules électriques. Dans 20 ans on aura peut-être trouvé la solution.
L’essentiel dans le marché, ce n'est ni nous, ni l'Etat. C’est le client, qui a toujours un achat extrêmement rationnel par rapport à ses besoins. Il peut avoir envie de quelque chose, s’il réfléchit et voit qu’il y a des contraintes à l’utilisation de son véhicule, il ne l’achètera pas. C'est là qu'est l’enjeu."