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Transports

Grève monstre chez Volkswagen en Allemagne: les salariés "prêts à la guerre", la crise menace la France

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C'est une grève inédite qui touche Volkswagen le plus gros constructeur européen de voiture. Dans son sillage c'est toute l'industrie automobile européenne qui est menacé par une crise d'ampleur.

Un mouvement social d’ampleur a débuté cette semaine chez Volkswagen en Allemagne. Un mouvement à prendre au sérieux. "Vous voulez la guerre, nous sommes prêts" lisait-on sur des banderoles mardi. Des milliers de salariés ont débrayé dans les usines de voitures à Hanovre, Dresde et à Wolfsburg où se trouve le siège du constructeur automobile.

Des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé contre un plan d’économies annoncé par le constructeur qui veut fermer 3 usines sur les 10 qui se trouvent en Allemagne, une première depuis 87 ans.

Cette première journée de grève s'est terminé ce mardi matin, mais le très puissant syndicat allemand IG METALL alerte et promet un conflit social comme l'Allemagne "n'en a pas connu depuis des décennies".

Rappelons au passage qu’on vote pour des législatives en février en Allemagne. Et que ce mouvement survient alors que toute l’économie est en souffrance Outre-Rhin. Auto, chimie, sidérurgie, chimie, c'est en fait toute l'industrie allemande qui voit son modèle remis en cause.

Qu’est-ce qui va si mal chez Volkswagen ?

Mais qu'est ce qui va si mal chez Volkswagen? Des choses propres au constructeur allemand mais qui vont résonner sur l'industrie en France. C’est toute l’automobile européenne qui est en souffrance.

D’abord, il y a cette sortie de route pour la berline allemande, si réputée. Volkswagen, mais aussi Audi, Mercedes, BMW ou Porsche ont vu leurs ventes s’effondrer l’an dernier. En 2023, le nombre de voitures sorties des lignes de production allemandes est tombé à son niveau de 1985!

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Matthieu Belliard : Grève/Volkswagen, les salariés prêts à la "guerre" - 03/12
3:09

Les experts dénoncent en Allemagne un coût élevé de la main d’œuvre: "Trop d’employés qui produisent trop peu". À titre de comparaison, le rival japonais Toyota en a fabriqué près de quatre fois plus, sous sa marque, avec à peine deux fois plus de salariés.

Et puis il y a la question Chinoise, celle de la concurrence mais d’abord la clientèle. La Chine c’est aussi le premier marché de clients de l’auto allemande. Et quand l’économie chinoise s’enrhume, l’Allemagne tousse très fort.

L'industrie européenne toute entière cale

Volkswagen, c’est le premier constructeur automobile européen. Et c’est la partie visible de l’iceberg. Les manifestants lundi dénonçaient le manque d’anticipation et de vision des dirigeants.

En France cette semaine, c'est Carlos Tavares le patron de Stellantis qui a été limogé. Ce même Carlos Tavares qui disait au printemps dernier que "seuls cinq constructeurs seront encore présents d’ici à une dizaine d’années".

L’Industrie auto européenne cale, littéralement et les crises sont multiples. Le retard pris sur la transition vers l’électrique, les tensions commerciales internationales et les prix de l’énergie bien supérieurs aux prix Américains.

Et puis il y a la stagnation des marchés. Des experts parlent d’un moment historique
Les marchés occidentaux auraient atteint, voire dépassé un "pic automobile" avec un maximum de ventes de nouveau véhicules: la croissance est ailleurs et les géants européens vacillent.

Du côté des voitures électriques, l'américain Tesla et les nouveaux acteurs chinois s'en sortent bien mais l'Europe est à la traîne.

Des inquiétudes pour l'emploi en France

En France, on s'inquiète pour l'emploi. Renault semble tirer son épingle du jeu mais il y a tout un tissu de sous-traitants qui voit rouge avec la crise de l'industrie automobile et qui appelle à des mesures concrètes. Et pas forcément au rabotage des bonus électriques.

La suite doit se passer à Bruxelles où pose la question du protectionnisme à la Trump. Faut-il fermer les frontières et s’asseoir sur le dogme européen de la libre concurrence ?

Exemple de dysfonctionnement européen, pour des raisons écologiques, on a voulu taxer l’acier importé en Europe. C’est louable. Mais du coup cet acier est plus cher pour les constructeurs automobiles ici. Alors ceux-ci sont incités à délocaliser… et à fabriquer leurs voitures ailleurs. Pas sûr que nos usines tiennent longtemps ici.

Matthieu Belliard