"Il manque des trains": les retards de la SNCF provoquent "une perte de confiance"

Peut-on encore prendre le train sans s’inquiéter du potentiel retard à l’arrivée? Selon le rapport de l’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST), la ponctualité s’est encore dégradée dans le ferroviaire, ainsi que l’aérien, en 2022, l’une des pires années depuis dix ans dans ce domaine. Les taux de retard sont en hausse pour tous les trains, des TGV (14,2%) aux liaisons internationales (16,2%), en passant par les Intercités (16,7%) et les TER (8%).
"La ponctualité, c’est une des deux attentes essentielles des voyageurs, souligne Michel Quidort, vice-président de la Fnaut (fédération nationale des associations d'usagers des transports), sur RMC. Ils veulent des trains sûrs, ils les ont. Mais ils veulent aussi des trains qui arrivent à l’heure. Des trains qui n’arrivent pas à l’heure, ça veut dire des journées, des vacances ou des réunions de travail qui sont perturbées. Ça veut dire aussi une perte de confiance dans le transport ferroviaire, qui est justement un moyen qui a le vent en poupe puisqu’il est écologique, puissant, rapide. On est donc dans une logique inquiétante parce qu’elle perturbe la vie des gens et décrédibilise le chemin de fer."
Et l’explication de la SNCF, un manque de personnel et l’augmentation du nombre de passagers après le Covid, ne convainc pas ce représentant des voyageurs. "C’est un peu curieux, estime-t-il. Dans le post-Covid, c’est vrai qu’il y a un problème et nous, nous réclamons depuis plus d’un an que la SNCF restaure l’offre qui était celle d’avant le Covid. Aujourd’hui, il y a moins de TGV qu’avant. Si on compare entre 2013 et 2023, il y a plus d’une centaine de TGV qui ne sont plus sur les rails. Le parc de TGV a diminué. Je ne vois pas comment, avec moins de TGV, les voies sont encombrées."
"La SNCF refuse maintenant de vendre des billets"
"Le service s’est dégradé parce que, comme il y a des TGV moins fréquents, l’offre n’est pas restaurée face à la demande, ajoute Michel Quidort. Les trains sont blindés, pleins. La SNCF refuse maintenant de vendre des billets parce qu’il y a des TGV complets sur certaines destinations, notamment Paris-Bordeaux ou Paris-Lyon. On ne peut plus acheter un billet quelques jours à l’avance, il faut s’y prendre beaucoup à l’avance. Il manque des trains."
En revanche, pour l’indemnisation des retards, "il y a un progrès" selon Michel Quidort. "Quand votre train est en retard, vous avez droit à un remboursement de la part de la SNCF, explique-t-il. C’est 25% du prix des billets pour une demi-heure de retard, 50% pour plus d’une heure de retard. C’est une disposition (G30) qui est un peu connue. Il faut que les voyageurs le sachent." Mais tous les trains ne sont pas concernés par cette garantie, notamment les Ouigo, les TER ou les trains de banlieue. "Dans les Hauts-de-France, il y a 1.000 trains supprimés par mois, et dans le Grand-Est, 700-800 TER supprimés par mois, déplore Michel Quidort. C’est la vie scolaire, étudiante, culturelle, c’est du stress pour le travail, et des patrons qui s’étonnent des retards des salariés. C’est une situation extrêmement préoccupante pour l’avenir du train et le quotidien des gens."