"J'ai dû retirer les clés à mon père": l'accident au Pirou relance le débat sur la conduite des seniors

Un village sous le choc dans la Manche. Samedi après-midi, à Pirou Plage, une voiture automatique conduite par un octogénaire a fauché quatre personnes, tout près de la plage.
Le bilan est lourd. Deux piétons sont morts et deux autres toujours hospitalisés dans un état préoccupant. La rue principale porte encore les stigmates du drame. Près de 800 mètres entre les premiers dégâts et la terrasse dans laquelle la voiture s’est encastrée. À quelques mètres de là, Maxime servait ses clients.
“J’ai vu une boule grise dévaler devant l’établissement. Je n’ai même pas reconnu le modèle de la voiture et d’un coup, on a entendu l’énorme boum de l’accident. On a couru voir les victimes de l’accident. C’est quelque chose qu’on ne voit que dans les films ou les jeux vidéos”, décrit-il.
L’émotion est grande dans la petite station balnéaire. Mireille est une habituée du front de mer, elle se demande si le conducteur, âgé de 81 ans, était en état de prendre le volant. “Ça donne la chair de poule. Tu ne peux rien faire. C’est hallucinant, on a du mal à réaliser. Oui, il faut sûrement renforcer les contrôles, ça c’est sûr. Revoir le code de la route, faire des contrôles plus réguliers”, estime-t-il.
Le conducteur victime d'un malaise
Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur aurait fait un malaise et son pied serait resté sur le pied de la pédale. Une situation impossible à anticiper selon Vincent. “Vous savez les malaises, on en fait à 40 ans, à 30 ans. J’ai bien fait un AVC il y a trois ans donc à 51 ans”, souffle-t-il.
Selon le procureur de la République de Coutances, des expertises médicales vont être menées avant l’audition de l’octogénaire.
"J’ai juste pris les clefs sans trop de remords"
Mais cet accident relance quand même le débat sur la conduite des seniors. Julien, auditeur de RMC, a confié qu’il a dû prendre une décision difficile avec son propre père. “Mon papa a été diagnostiqué avec un début d'Alzheimer. On a mis un petit peu de temps à s’en rendre compte et quand on s’en est rendu compte, je lui ai enlevé la voiture volontairement. J’ai juste pris les clefs sans trop de remords. J’en ai discuté avec lui, avec la famille et c’était vraiment plus judicieux pour lui parce que quelque temps avant il perdait carrément la voiture quand il allait faire ses courses par exemple”, appuie-t-il.
Un contrôle des capacités nécessaire?
Des contrôles qui seraient tout à fait logiques selon Cyril, VTC dans les Yvelines.
“Si nous on a un contrôle tous les cinq ans jusqu’à 55 ou 60 ans, et après c’est tous les deux ans, dans le monde civil parfois les gens font autant de route que nous et pourtant, ils n’ont pas de contrôle. Une voiture est une arme quand même. Après, je peux comprendre les personnes âgées qui ont peur de se retrouver déclassés parce qu’en campagne, il n’y a pas de transport et on est éloigné de tout”, explique–t-il.
Un avis que partage Jocelyn, chauffeur routier. “Ma maman a 88 ans, elle conduit encore et elle conduit très bien. Moi, je suis pour une visite médicale, mais à tout âge tous les cinq comme pour les chauffeurs routiers. Ce serait très bien. On contrôle la vue, l'ouïe, les réflexes, on nous demande si on fait du diabète du cholestérol…”, raconte-t-il.