"Je vais avoir 2h de retard": malgré les blocages, les Français comprennent les agriculteurs

Les blocages des routes en marge de la colère des agriculteurs se poursuivent ce vendredi. Et pour la première fois depuis le début du mouvement, la région parisienne, jusqu'ici épargnée, est touchée par les barrages et les opérations escargot.
Le trafic est fortement ralenti sur la N118, route nationale très empruntée qui relie Paris au sud de l'Île-de-France. Un énorme bouchon d'une dizaine de kilomètres s'est formé au niveau d'Orsay coinçant des centaines de véhicules dans un énorme embouteillage.
"Je comprends le mouvement"
"Je pense que je vais avoir 2h de retard au travail", explique à RMC Jean-Bernard, automobiliste bloqué ce vendredi matin dans les bouchons. "Je comprends le mouvement. Même si quand on va travailler, c'est toujours un peu délicat", ajoute-t-il. Dans le même temps sur le bord de la route, les klaxons résonnent régulièrement en soutien aux agriculteurs.
De nombreux autres blocages sont attendus en région parisienne ce vendredi. Les agriculteurs ont prévu de bloquer la barrière de péage de Saint-Arnoult dans l'après-midi, tout comme l'A6 au niveau de Villabé et la RN14 au niveau de Villeneuve-Saint-Martin.
L'espoir que ça ne dure pas trop longtemps
Mais entre Lyon et Valence, où une portion de l’A7 est bloquée depuis trois jours, les automobilistes additionnent les retards et les embouteillages s'allongent. Maria, qui habite le long de cette route, vit un enfer, de jour comme de nuit: "Je ne dors pas, ça me gêne", raconte-t-elle.
Rentrer à la maison peut mettre plusieurs heures. Alexandra a donc décidé de dormir chez sa mère à quelques pas de son centre d’amincissement. S’adapter, pour ne pas fermer: "J'ai organisé ma journée autrement et je m'attends à des annulations de rendez-vous donc une perte de chiffre d'affaires".
Pour l’instant, tous sont patients et soutiennent les agriculteurs mais ils l’avouent: il ne faudrait pas que les blocages s’éternisent.
La CGT à la rescousse tout comme... Gérald Darmanin
En attendant, le soutien ne faiblit pas. La CGT appelle ses adhérents à rejoindre le mouvement en dépit des réticences de certains agriculteurs.
Personne, même en plus haut lieu, ne semble vouloir s'opposer frontalement à la révolte des agriculteurs. Invité du 20h de TF1, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a lui-même justifié l'absence d'interpellations malgré quelques dégradations: "Est-ce que les agriculteurs ont le droit de revendiquer sans qu'on envoie les CRS? Oui. Est-ce qu'ils s'en prennent aux forces de l'ordre? Non. Il y a des coups de sang légitimes", a assuré le ministre de l'Intérieur.
Pour calmer la grogne des agriculteurs, le Premier ministre Gabriel Attal est attendu ce vendredi en Haute-Garonne, où il doit faire des annonces "concrètes" pour le monde agricole.