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"L'été c'est infernal": les riverains d'Orly, excédés par le bruit, réclament une réduction des vols

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Dans les environs de l'aéroport d'Orly, des riverains sont excédés par le dépassement constant des heures de couvre-feu. Entre 23h30 et 6h du matin, les avions ne doivent, en théorie, pas effectuer de rotation au-dessus du secteur.

Habiter à proximité d'un aéroport n'a pas que du bon… Depuis des années déjà, plusieurs associations de riverains se plaignent des nuisances aériennes au-dessus de leurs habitations, proches des aéroports d'Orly ou de Roissy.

Mais cet été le phénomène s'est agravé, les allers-retours se sont multipliés, et les compagnies ont de moins en moins respecté le couvre feu imposé entre 23h30 et 6h du matin.

Un avion toutes les 2 minutes

Pour le mois de juin seulement, pas moins de 18 infractions ont été constatées au-dessus de l'aéroport d'Orly. Dans la commune de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), à quelques encablures des pistes d'atterrissage de l'aéroport francilien, les riverains voient passer un avion au-dessus de leur tête toutes les deux minutes.

Sucyciens et Sucyciennes sont d'ailleurs unanimes: "L'été c'est infernal, on a envie d'aérer la maison, de sortir un peu dans le jardin", dit cette femme, importunée quotidiennement par les nuisances sonores provoquées par les avions qui décollent et atterrissent sans interruption pendant la journée et une grosse partire de la soirée.

"C'est vrai qu'au bout d'un moment ça amène forcément des tensions"

Le quartier des Bruyères se trouve pile en dessous du couloir des avions, alors pour Luc Offenstein, à la tête de deux associations en lutte contre les nuisances aériennes, ce n'est plus vivable.

"23h, 23h30, ça n'arrête pas! Pour suivre une conversation, c'est très compliqué, et c'est vrai qu'au bout d'un moment ça amène forcément des tensions", se plaint Luc Offenstein, élu municipal à Sucy-en-Brie.

Avec ses associations, il réclame une heure de couvre-feu supplémentaire et une limitation du nombre de rotations annuelles à 200.000 maximum... ainsi que de plus fortes sanctions pour dissuader les compagnies aériennes, certaines amendes atteignant déjà jusqu'à 40.000 euros par vol effectué pendant le couvre-feu.

"On se moque du monde"

"Il y a une loi, il y a des textes qui doivent être respectés. Là, ce n'est pas respecté, on se moque du monde. Et ce n'est pas l'aéroport qui doit chasser la ville", estime Luc Offenstein.

Il explique par ailleurs que les riverains ont déjà envoyé des messages à toutes les compagnies aériennes pour alerter sur le sujet. Mais "certains ne veulent rien entendre" selon lui, tandis que d'autres font des progrès… en disant qu'ils ne peuvent pas faire autrement.

Selon l'association OYE 349, pour le mois d'août 2022, le trafic de l'aéroport d'Orly (19 289 mouvements) dépassait déjà celui de 2019 (18 956 mouvements), une preuve claire de l'augmentation drastique de la circulation des avions de ligne.

En mai dernier, le sénateur socialiste du Val-d’Oise Rachid Temal a déposé une proposition de résolution au Sénat pour appliquer un nouveau couvre-feu aux aéroports franciliens afin de limiter les nuisances des vols de nuit.

Aujourd'hui, en Ile-de-France, ce sont deux millions de riverains qui supportent ces nuisances aériennes quotidiennement, selon les associations.

Solenn Guillanton, avec Alexis Lalemant