La compagnie Ryanair quitte plusieurs aéroports français: "C'est du perdant-perdant"

Depuis plusieurs mois déjà, les acteurs du transport aérien expriment leur ressentiment après l’annonce par le gouvernement de l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion. Cette dernière passe de 2,63 euros à 7,30 euros pour un billet en classe économique vers la France ou l’Europe.
Cela représente jusqu’à 850 millions d’euros de recettes pour les caisses de l’Etat. Mais c'est surtout une décision "économiquement irresponsable" selon l’Union des aéroports français, principale association d’aéroports français.
De son côté, le patron de la compagnie lowcost Ryanair avait prévenu début février: "La France est déjà un pays à forte fiscalité et, par conséquent, si elle augmente encore des taxes déjà élevées, nous réduirons probablement notre capacité" au départ et à destination des aéroports français.
Déplacer leur plateforme aéroportuaire
Et Ryanair n’est pas seul. Ben Smith, patron d’Air France, a lui dénoncé "le pays d’Europe où l’avion est le plus taxé" et "une taxe d’accès à la France". Ce qui pourrait poser problème. Alors que le pays reste pour le moment le plus visité du monde. Bertrand Vilmer, expert en aéronautique, estime aussi que "certaines compagnies pourraient déplacer leur plateforme aéroportuaire". Par exemple, ne plus faire Paris-New York mais Londres-New York ou Barcelone-New York, afin d’éviter cette taxe et de gagner en compétitivité. Avec les conséquences que l’on imagine en termes de recettes fiscales pour la France et pour l’emploi.
Pour l'instant, Ryanair devrait donc quitter l’aéroport de Vatry dans la Marne et celui de Perpignan. Il pourrait également y avoir les aéroports de Carcassonne et Limoges, sans confirmation. Pour Arnaud Aymé, expert des transports au sein du cabinet Sia Partners, c'est évidemment une mauvaise nouvelle, mais il tend à relativiser.
"Le trafic voyageur ne va pas disparaître pour autant. Les gens qui habitent près de Vatry, ce n'est pas du tout sûr qu’ils renonceront à voyager, ils prendront juste leur voiture plus longtemps pour aller à Beauvais ou en Belgique", détaille-t-il sur RMC.
Surtout, ce n'est pas une surprise: "On le savait avec les annonces du gouvernement sur l'augmentation de cette taxe. Soit les compagnies sont prêtes à la payer, soit elles déporteront leur trafic sur un autre aéroport”, explique Arnaud Aymé.
"C'est malheureux"
Mais pour Clément, auditeur d'Estelle Midi et pilote de ligne depuis 7 ans, les conséquences peuvent être plus importantes.
"C’est malheureux pour les aéroports de taille moyenne. Puisqu’on délocalise ce marché-là vers des pays étrangers. Ces petits aéroports qui vivent grâce à Ryanair vont se retrouver sans vol et seront amenés à fermer. C’est malheureux", soupire-t-il.
Selon lui, "on a la chance en France d’avoir un maillage aéroportuaire important et c’est triste que ça tende à disparaître". Car cela a des répercussions sur les entreprises françaises.
"On est en train de scier la branche sur laquelle on est assis. Des grandes compagnies françaises, il y en a de moins en moins aujourd’hui. Il y a en énormément qui ont disparu ces dernières années et tout ce marché va partir à l’étranger au détriment de la France”, poursuit Clément.
Avis partagé par Frédéric Hermel, qui ajoute que "en plus, ça va moins attirer d’autres entreprises qui voudraient s’installer en France". Il conclut: "C’est du perdant-perdant".