"La SNCF, c'est 'A nous de vous faire préférer l'avion'": l'avis tranché d'Arthur Chevallier

L’Oscar de la communication, ce n’est pas pour aujourd’hui du côté de la SNCF. Les conditions générales de vente précisent désormais que les voyageurs auront 15 minutes pour rejoindre leur siège. Ce délai dépassé, leur place pourra être réattribuée. La direction a précisé que la règle était déjà en vigueur. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des voyageurs.
Le nouveau slogan de la SNCF pourrait être: "A nous de vous faire préférer l’avion". Depuis quelques semaines, elle enchaîne: après la réservation obligatoire dans les TER, le nombre de valises est désormais limité à deux par personne au risque de payer une amende... Ces nouvelles contraintes exaspèrent des voyageurs déjà très patients avec un service catastrophique depuis des années. Et qui coûte de plus en plus cher.
Ce n'est pas non plus la mer à boire, mais la coupe est pleine. Les trains qui n’arrivent pas à l’heure, ce n’est pas une rumeur. D’après l’Autorité de régulation des transports, plus de 23% sont en retard. Un taux d’échec quand même non négligeable.
Alors, imaginez: un boulanger qui rate plus de 20% de ses baguettes, franchement, est-ce que vous y retournez?
Ajoutez à ça les grèves pour un oui ou pour un non, y compris le jour de Noël. Des contrôleurs qui ne sont pas tous les jours de bonne humeur. Et des demandes incessantes. Tenez, mercredi, des syndicats de cheminots ont réclamé une prime JO supplémentaire au nom "du partage de la valeur". Le moins qu’on puisse dire, c’est que la SNCF sait se faire aimer des Français.
Le train, pourtant fleuron français
Le train, c’est quand même un fleuron de la France, une institution. Et depuis longtemps. D’ailleurs, une des toutes premières lignes de chemin de fer, ça date de 1827, et c’était… en France. La ligne reliait Saint-Etienne à Andrézieux, dans la Loire. Sous le Second Empire, Napoléon III fait du rail une priorité nationale.
C’est grâce au train que la France a contrôlé son territoire et qu’elle a relié Paris et ses provinces. C’est un outil essentiel de notre puissance. Alors, depuis, tout n’a pas disparu. La France a le deuxième réseau ferroviaire d’Europe après l’Allemagne. Le TGV est un fleuron de notre industrie. C’est le quatrième train le plus rapide du monde. L’industrie française est d’ailleurs impliquée dans la construction de trains à grande vitesse aux Etats-Unis, en Espagne, en Italie, au Maroc, en Corée du Sud et même en Chine. La SNCF n’y est pas pour rien, rendons-lui ça.
L'ouverture à la concurrence sera-t-elle bénéfique?
Avec l’ouverture à la concurrence, l’arrivée de nouvelles entreprises pourrait-elle changer la donne? Rien ne garantit que d’autres fassent mieux, mais ça aura un mérite: donner aux voyageurs l’impression qu’ils ont le choix.
On ne pardonne rien à la SNCF parce qu’elle a un monopole. Les Français ont l’impression d’être pris en otage par une entreprise qui peut tout se permettre, sans jamais payer les conséquences de ses actes. La SNCF a de l’or entre les mains, mais elle n’en fait rien. C’est d’autant plus triste que le train est le transport le plus écologique. Et pourtant, si ça ne s’améliore pas, il y aura bientôt plus de contrôleurs que de voyageurs.