Pourquoi les nouveaux radars urbains automatiques ne flasheront pas tout de suite

Marche arrière pour le gouvernement. Les quelque 200 nouveaux radars urbains, dont la mise en activité devait avoir lieu d’ici un peu plus d’un mois, ne flasheront finalement pas les automobilistes à compter de la fin mars.
Ces radars automatiques dernier cri, censés pouvoir détecter à la fois une utilisation du téléphone au volant, le franchissement d’un feu rouge ou encore un excès de vitesse, vont plutôt poursuivre leur phase de test.
Selon les informations de RMC, la Sécurité routière assure que les appareils sont toujours uniquement en expérimentation, depuis juillet 2021, sans verbalisation, dans plusieurs communes du territoire (Toulouse, Marseille ou bien encore Montpellier par exemple). Une communication sera faite ultérieurement, en particulier aux populations concernées, avant la mise en service.
Du côté du cabinet de Gérald Darmanin, l'instruction est claire: il faut un parc de radar stable et pas de nouveaux radars. La généralisation ne semble donc plus à l'ordre du jour, comme indiqué par Franceinfo, et la mise en service dans les zones d'expérimentation sera faite, mais pas tout de suite.
Sur l’autoroute A15 au niveau de Pierrelaye (Val-d’Oise), l’un de ces boîtiers automatiques est là aussi en phase d’expérimentation. Le dispositif, qui se veut des plus discrets, ne plaît clairement pas aux automobilistes rencontrés à proximité du site de test. “On se fait dépouiller de tous les côtés, les radars sont là pour remplir les caisses de l’Etat. J’en ai ras-le-bol”, lance l’un d’eux. “On est déjà dans une période de crise, ça ne rapportera rien de plus, on est déjà dans les problèmes”, renchérit un autre conducteur.
"Etonnant et irresponsable" selon la Ligue contre la violence routière
Si les conducteurs semblent donc globalement mécontents de l’arrivée, bien que repoussée, de ces nouveaux radars, le prolongement de la phase d’expérimentation est contesté par la Ligue contre la violence routière. L’association dénonce un rétropédalage, dicté par le contexte social actuel tendu.
Invité de l’émission Apolline Matin sur RMC et RMC Story, Pierre Lagache, le vice-président de la Ligue contre la violence routière, a fait part de sa colère et de son inquiétude après l’annonce de ce report de la mise en service des nouveaux radars automatiques. "On a l'impression que le ministre de l'Intérieur nous concocte une politique d'insécurité routière, alors que les résultats ne sont pas bons", estime-t-il.
“C'est vraiment étonnant et irresponsable que ce projet soit mis en suspens, car il a pour objectif de nous protéger”, ajoute Pierre Lagache.
Assurant qu’"en ville, le fait de pouvoir renforcer la pression de contrôle, cela va améliorer les choses et renforcer l'attention, la vigilance, et il y aura moins de morts et de blessés", l’humeur critique de Pierre Lagache est partagée par l’ancien ministre Dominique Bussereau, à l'origine de la généralisation des radars automatiques en France.
“Il n’y a jamais de bon timing, et il ne faut jamais se laisser impressionner. Ceci étant, quand vous êtes au gouvernement, vous avez à gérer plein de choses. Là, je pense que ce n’est pas du tout de même nature, il ne faut pas mettre la sécurité routière de côté parce que la passe politique est un peu difficile”, explique l’ancien ministre des Transports.
Mais du côté des associations défendant les droits des usagers de la route, la tendance n’est pas forcément à la critique envers le gouvernement sur cette question brûlante des nouveaux radars. Yves Carra, le porte-parole de l’Automobile Club Association, qui rappelle que l’”on a tous le même objectif, avoir le moins de morts et de blessés possible”, affirme toutefois ne pas être “pour le tout radar”.
“Il faut du contrôle, bien évidemment, mais surtout de l'information”, préconise Yves Carra, qui souligne que les chiffres de la sécurité routière ne baissent plus depuis plusieurs années alors "qu'on a une politique essentiellement axée sur le contrôle radar, (...) donc ce n'est pas la meilleure solution".
Selon les dernières statistiques de la sécurité routière, 3.260 personnes sont décédées dans des accidents de la route l’an dernier.