Les conducteurs de car scolaire assez contrôlés? "Un chauffeur a payé un élève pour souffler à sa place"

Après la mort d'une adolescente dans l'accident du car scolaire qui l'emmenait au collège, le conducteur âgé de 26 ans a été contrôlé positif aux stupéfiants et placé en garde à vue. Dans la foulée du drame, le ministre des Transports Philippe Tabarot a annoncé que "des contrôles de plus en plus importants" notamment "au niveau des stupéfiants".
Le conducteur de 26 ans avait pourtant lui aussi été contrôlé pendant ses 4 années de travail assure à RMC Olivier Velter, le président des Cars Dunois qui l'emploie: "Ce contrôleur a été contrôlé chaque année depuis 4 ans et ces tests se sont révélés négatifs en alcoolémie comme en stupéfiant".
"Un chauffeur a donné 20 euros à un jeune pour souffler dans l'éthylotest"
Mais ces tests sont-ils vraiment fiables? "Le car ne démarre pas si vous ne soufflez pas dans l'éthylotest branché au moteur. Vous mangez un Mont Chéri et le car ne démarre pas", illustre Jeff, conducteur de car scolaire en Meurthe-et-Moselle. Malgré tout, certains de ses collègues trouvent des subterfuges. Jeff assure avoir vu l'un d'eux faire souffler sa femme:
"Un chauffeur de car a donné 20 euros à un jeune qu'il transportait pour souffler dans l'éthylotest. Il a été licencié dès que ça s'est su, les patrons ne font aucun compromis".
"Je connais un conducteur qui fume des joints sur son lieu de travail avec le fils du patron", abonde Gilles, chauffeur de car lui aussi et membre du Collectif des transports privés de voyageur.
"On est testé régulièrement par surprise"
"Les conducteurs qui resquillent, on aura beau les contrôler, ils ont des stratégies pour détourner la réglementation", se désespère sur RMC Story Christophe Trebosc, secrétaire général de l’ANATEEP, l'Association nationale pour les Transports éducatifs de l'Enseignement public.
Pourtant, les contrôles sont réguliers: "On est testé régulièrement par surprise. Ils ne vous préviennent pas, le patron de la société arrive avec un témoin, on a un test salivaire et un éthylotest", explique Jeff.
"La Fédération nationale ne fait rien"
De son côté, Gilles, déplore l'inertie des responsables du secteur: "Il y a 10 à 20% des conducteurs qui consomment des stupéfiants, cela fait des mois qu'on demande que des mesures soient prises", déplore-t-il. "Les anciens sont partis du métier, aujourd'hui on a des gens qui ne sont pas fait pour ce métier", alors que la profession a connu une pénurie de main d'œuvre en 2022 et peine à recruter.
"C'est à cause du laxisme de la Fédération nationale des transports privés de voyageurs qui ne fait rien! Il manque 5.000 conducteurs, il va falloir faire le tri", tonne Gilles. "Dans ce métier, tu commences le travail très tôt, tu finis le soir avec une coupure, c'est pour ça qu'il peinent notamment à recruter", précise le cheminot et syndicaliste des Grandes Gueules Bruno Poncet.
Après l'arrestation du conducteur de 26 ans dans l'Eure-et-Loir, les résultats de tests supplémentaires doivent être connus ce vendredi matin pour infirmer ou confirmer la prise de stupéfiants avant l'accident du car scolaire.