Les demandes de primes à la conversion battent de nouveaux records
Un succès qui cache toutefois une gestion compliquée. La prime à la conversion pour acheter un véhicule moins polluant, et que le gouvernement s'apprête à renforcer, a suscité un tel engouement que les pouvoirs publics ont du mal à suivre.
L'organisme financier chargé de rembourser ces aides est submergé et les retards s'accumulent. Trois, quatre, parfois cinq mois d'attente pour recevoir les remboursements.
Depuis le début de l'année, 245.000 dossiers de prime à la conversion déposés. Sur ces 245.000 dossiers, l'ASP, l'Agence de services et de paiement indique avoir "traité" 216.500 dossiers mais ne dit pas si les gens ont pour autant reçu leur prime. Impossible aussi de savoir combien de personnes sont en attente de remboursement de cette prime.
"Pendant un an si je dois payer 120 euros, je ne sais pas comment je vais faire"
Quand les dossiers sont complets, comptez un mois de traitement en moyenne, mais 70% des dossiers sont incomplets. En cause: un manque de certificat d'immatriculation ou manque d'attestation de non-imposition par exemple.
Cet été, Béatrice décide de troquer sa vieille Clio diesel contre une voiture moins polluante. Pour la payer, elle emprunte 6.000 euros à sa banque, en attendant de recevoir sa prime à la conversion de 2.000 euros.
Problème, quatre mois plus tard: "Quatre mois après, j'ai toujours rien reçu. Depuis, je paye 120 euros de mensualité. Je me dis mais combien de temps ça va encore durer parce que ça peut durer six mois, un an. Pendant un an si je dois payer 120 euros, je ne sais pas comment je vais faire".
Inquiétude qui grandit aussi chez les concessionnaires. Au moment de l'achat, beaucoup font l'avance à leurs clients de cette prime à la conversion
là aussi, les retards de remboursements s'accumulent.
"Ce sont des entreprises qui sont aujourd'hui la banque de l'Etat"
Selon le CNPA, le Conseil National des professions de l'automobile, les trous dans la trésorerie des concessionnaires qui ont fait l'avance de la prime s'élèvent à 1 million d'euros en moyenne par groupe de concessions. La situation ne peut plus durer avertit son délégué général, Xavier Horent. Hier, son organisation a donc écrit au Premier ministre.
"C'est un avertissement. A partir du moment où il y a des retards qui s'accumulent sur des sommes extrêmement significatives en tout point du territoire, c'est l'ensemble d'un système qui se grippe. Ce sont des entreprises qui sont aujourd'hui la banque de l'Etat. C'est tout à fait inacceptable".
Il réclame à l'Etat une solution rapide de remboursement. Faute de quoi, dit-il, certains concessionnaires pourraient tout simplement ne plus proposer cette prime à la conversion.