Les députés votent contre la fin du thermique en 2035: "L'Europe se trompe de combat"

Dans une Assemblée nationale clairsemée, les 64 députés présents, sur les 577 que compte le pays, ont refusé de retranscrire dans la loi française la date couperet de 2035, à laquelle la vente des véhicules thermiques doit être interdite selon la loi européenne.
Le gouvernement souhaitait transposer officiellement la date de 2035, inscrite dans le Pacte vert européen, dans la loi française, par le biais d'un projet de loi comportant diverses dispositions d'adaptation du droit français au droit européen.
Mais les députés s'y sont opposés. 34 députés, majoritairement issus du Rassemblement national, ont voté en faveur de cette suppression, et 30 contre (Renaissance, LFI, Écologistes).
Un vote qui a rendu Pierre Chasseray, le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, invité d'Apolline Matin, ce mercredi sur RMC, "plus que soulagé". "La France a compris qu'elle avait voté quelque chose qui allait contre notre propre économie et qui était tout simplement impossible à mettre en place. Voter l'interdiction du thermique en 2035, tout le monde sait que c'est injouable", a-t-il commenté.
"Ce n'est pas une bonne nouvelle mais c'est quand même une bonne nouvelle, si on prend un peu de hauteur, seule l'Europe veut interdire le 100% thermique. Ce n'est pas une question dans le reste du monde", a ajouté Pierre Chasseray.
La pression monte du côté d'une partie de la classe politique et des constructeurs, confrontés à des ventes de voitures électriques qui patinent et la concurrence de la Chine.
Pierre Chasseray estime que l'Europe "se trompe de combat, si on doit aller vers quelque chose dans l'évolution des véhicules, on ne doit pas obliger un conducteur d'aller vers telle ou telle solution. Ce qu'il faut, c'est aller vers une neutralité carbone, de faire en sorte que l'on ait des véhicules de moins en moins polluants."
Le gouvernement défend l'objectif 2035
Le ministre de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci, a lui défendu l'objectif de 2035, qui a "mis en mouvement toute la filière" automobile et que celle-ci "ne demande pas" à remettre en question.
Les constructeurs réclament plutôt de la "souplesse", a-t-il dit, notamment sur les amendes qui pourraient les viser en 2025 en cas de non-respect des objectifs de réduction des émissions de CO2. Une demande "légitime" vu les "gros efforts d'électrification" déjà réalisés, selon lui.
Ce refus émis par les députés français ne signifie en rien la fin de la mesure en France, puisque le droit européen prévaut sur le droit français. Toutefois, il représente un symbole fort et un argument pour les opposants à la loi à Bruxelles.
Fin janvier, une vaste concertation avec les constructeurs automobiles a été lancée, et un plan d'action sera dévoilé début mars pour les aider à passer le cap de l'électrification, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.