Les ventes de voitures neuves en baisse, des prix trop élevés: "Une crise de la demande"

Le marché automobile français recule, avec une baisse des ventes estimée à -3% en mai 2024 par rapport à mai 2023. Les voitures neuves n'ont plus la cote.

Moins 3% en un an. Le marché français des voitures neuves recule, d'après les statistiques publiées samedi par les industriels. Une première baisse depuis près de deux ans. Les spécialistes du secteur évoquent comme raison l'"attentisme" des clients dans un contexte d'inflation et sur fond d'élections européennes, avec le positionnement de l'UE à l'égard des véhicules thermiques neufs, qui seront interdits à la vente en 2035.

Les constructeurs français sont très touchés. Le géant franco-italo-américain Stellantis subit le plus gros recul, à -10% en mai sur un an. Renault perd lui 4,7%. Mais ce recul ne surprend pas les professionnels du secteur.

“C’est la chronique d’une mort annoncée”, estime Marc Bruscher, patron d’un groupe de distribution automobile dans le sud-est de la France.

“La pénurie de l’offre est derrière nous, nous sommes confrontés maintenant à une crise de la demande”, explique-t-il.

Également président de la branche concessionnaire chez Mobilians, il explique ce phénomène par le prix des véhicules neufs, trop chers. Il pourrait donc y avoir des baisses. “Elle est déjà en germe dans les produits qui vont sortir au second semestre 2024”, indique-t-il.

Les prix des voitures neuves pourraient bientôt baisser

Un vrai changement pour les constructeurs, plutôt habitués ces derniers mois à privilégier leurs marges à la quantité de voitures vendues selon Bernard Jullien, économiste spécialisé dans l’industrie automobile. “Les constructeurs ont pris l’habitude d’avoir cette attitude qui permet de vendre cher quitte à ne pas vendre énormément. On est probablement en train d’en sortir”, analyse-t-il.

Une stratégie qui doit marcher car si la tendance se poursuit, elle fait peser des risques sur l’avenir du secteur.

“Si jamais les ventes devaient rester très nettement en retrait, là, on va avoir une gélification de l’industrie automobile parce qu’on aurait trop d’usines en 2025-2026. Mais on n'en est pas encore tout à fait là”, prévient-il.

Le mois dernier, plus de 141.000 immatriculations de voitures neuves ont été enregistrées. Elles étaient plus de 193.000 en 2019.

Vincent Chevalier avec Guillaume Descours