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Les VTC dans l'angoisse: "J'ai annulé la course parce qu'elle était dans une zone trop dangereuse"

Les chauffeurs de VTC travaillent avec la peur au ventre

Les chauffeurs de VTC travaillent avec la peur au ventre - AFP

REPORTAGE – Depuis le début de la grève des taxis, les chauffeurs de VTC conduisent avec la peur au ventre, la peur de se faire agresser. RMC a ainsi rencontré Pascal qui a tenu à travailler ce mercredi soir malgré la menace des taxis.

Selon nos informations, la grève des taxis profite aux entreprises VTC. Plus précisément, les applications Allocab, Le Cab, Uber et Chauffeur Privé ont multiplié par 10 leur nombre de nouveaux utilisateurs par jour de grève (mardi et mercredi). Mais, alors que le mouvement a été reconduit pour une troisième journée consécutive ce jeudi, la grève a aussi eu des conséquences sur les chauffeurs de VTC eux-mêmes. Ils travaillent la peur au ventre. RMC a ainsi Pascal qui a tenu à travailler ce mercredi soir malgré la menace des taxis.

"Je ne vais pas dans la gueule du loup"

Au volant de sa voiture, le regard inquiet, il interroge: "Vous entendez? Il y a un sifflement, comme s'il y avait un cortège…" Méfiant, Pascal est à l'affut du moindre barrage de taxi. "Je sais qu'il faut faire attention parce que si on se fait 'prendre' par les taxis…", confie-t-il avant d'ajouter: "Je sais ce qu'ils ont fait à certains collègues. Ils rayent la voiture, ils cassent les téléphones…" C'est pourquoi, Pascal assure "faire en sorte de ne pas les voir parce que dès qu'on les voit, on sait que ce n'est pas bon".

"Je fais donc tout pour les éviter, poursuit, craintif, ce chauffeur de VTC. Je ne veux pas me retrouver dans les embouteillages et arriver sur un groupe de manifestants parce que si c'est le cas, c'est fini. Je ne peux rien faire, ni partir, ni rien". Alors, depuis deux jours, avant d'accepter une course il demande toujours la destination à ses clients. Cette dame par exemple souhaite se rendre avenue Montaigne, dans le VIIIème arrondissement de Paris: "J'ai annulé la course parce qu'elle se rendait dans un secteur trop dangereux. Je ne vais pas dans la gueule du loup". 

"Des voitures ont été endommagées"

Nouvel appel pour une nouvelle course. Encore une fois la destination se trouve à côté d'une zone bloquée par les taxis. Mais cette fois-ci, Pascal accepte parce qu'il pense pouvoir contourner le barrage: "Ils ne sont pas à tous les carrefours non plus". Finalement, il arrive bien à éviter les taxis mais au prix d'un stress constant. Des conditions de travail qui préoccupent aussi sa femme, qui l'appelle régulièrement. "Ça m'angoisse, avoue-t-elle. Les chauffeurs de taxi peuvent se faire passer pour des clients et j'ai peur qu'ils s'en prennent à lui et à sa voiture".

De la casse confirmée par Yanis Kiansky, le dirigeant d'Allocab, une plateforme de VTC: "Des chauffeurs nous ont rapporté avoir été pris à partie, violentés et malmenés. Des voitures ont été endommagées, des clients ont été descendus de voiture… Ce n'est pas acceptable. Nos chauffeurs sont terrorisés à l'idée de sortir travailler durant cette grève. Ainsi, plus de la moitié n'a pas travaillé. Ce n'est pas normal. On respecte parfaitement le droit des taxis à faire grève mais qu'ils respectent notre droit à travailler dans des conditions acceptables".

Maxime Ricard avec Romain Poisot