Nids de poule, chaussée effondrée... L'AMF alerte sur l'état des routes en France et veut des moyens

Des maires qui peinent à entretenir les routes de leurs communes. C'est l'alerte lancée par l'AMF, l'Association des Maires de France, car selon elle, le réseau routier serait aujourd'hui "au bord de la rupture".
Pour le week-end de Pâques, des motards en colère les ont remplis avec des œufs en chocolat.

Une opération amusante, mais révélatrice, nos routes se dégradent, et les moyens manquent. La raison, un "modèle économique profondément déséquilibré” qui repose pour plus de la moitié (65,5% du réseau national) sur les maires qui ont de plus en plus de mal à faire face.
Des nids de poules, des fissures dans les chaussées, des trottoirs pas assez larges… “C’est une catastrophe. Vous avez des nids de poule de partout, des bouts de route qui s'effondrent et qui commencent à devenir dangereuses. Moi en Ariège on a une route qui conduit à un institut médico-éducatif, il y a eu un éboulement de terre, ça fait six ans et ça fait six ans qu’on ne passe que sur une voie parce qu’ils n’ont pas les moyens de réparer. En région parisienne, vous prenez la 104, l'A86, c’est une essoreuse à salade quand vous passez en camion”, raconte ce mercredi matin sur RMC Jean-Baptiste, chauffeur routier dans l’Aude.
"On met des rustines..."
À Lisieux par exemple, faute de budget, la ville a encore beaucoup à faire sur ses routes.
“Il faut choisir en fonction de l’urgence, de l’état et souvent au détriment d’un autre quartier où il y a plus d’attente, plus de travaux”, pointe Sébastien Leclerc, maire de la commune.
La ville prévoit de consacrer 800.000 euros à la voirie en 2025. Mais d'après le maire, il faudrait presque le double pour l'entretenir correctement. "J’ai des trottoirs qui ne sont pas en bon état, mais qui ne sont pas prévus au programme donc pour cela ça attendra. Les nids de poule, on met des rustines, mais ça peut être des réparations qui reviennent tous les ans pendant plusieurs années le temps qu’on ait le budget pour refaire la voirie”, assure-t-il.
15 milliards d'euros dépensés chaque année pour l'entretien des routes
Un cas loin d'être isolé. Alors l'Association des maires de France réclame qu'une partie des recettes générées par l'utilisation de la route, comme les amendes ou les redevances des péages, soient reversées aux communes.
“Il y a des routes qui bougent, des éboulements, des glissements de terrain parce qu’il fait très chaud ou parce qu’il y a de fortes pluies. Nous n’avons pas capacité à pouvoir assurer ces besoins supplémentaires alors que nous avons déjà du mal à assurer l’actuel”, pointe Sylvain Laval, coprésident de la commission transport.
Selon lui, les communes dépensent plus de 15 milliards d'euros par an pour entretenir leurs routes.
Pourtant, il y a beaucoup d’argent qui passe par la route. Chaque année, l’État perçoit plus de 50 milliards d’euros liés à la route. Une grosse part vient des carburants et de ses différentes taxes à la pompe. Ensuite, viennent les amendes: radars, stationnement, excès de vitesse… Ce qui représente environ deux milliards par an. Une partie va au budget de l’État, une autre à l’Agence de financement des infrastructures. Quelques centaines de millions sont reversés aux communes et aux départements. Et enfin, il y a les péages, les autoroutes sont concédées à des sociétés privées, qui versent des redevances à l’État. Mais là rien ne revient aux routes communales.
Au-delà des maires, un rapport sénatorial évoque une autre piste: profiter la fin des concessions autoroutières pour renégocier et réaffecter une part des revenus aux infrastructures du quotidien.