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"On n'a pas pensé aux consommateurs": pourquoi la transition vers la voiture électrique patine

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Le marché de la voiture électrique peine à décoller alors que l'Union européenne veut mettre fin à la vente de véhicules thermiques neufs en 2035. Pour Luc Chatel, le président de la plateforme automobile, invité de RMC, l'UE a oublié que les consommateurs mettaient du temps à s'adapter alors que l'innovation doit aussi faire son chemin.

L'engouement pour les voitures électriques peine à se confirmer en France. À prix équivalent, seuls 13% des Français sont prêts à choisir un véhicule électrique plutôt qu'un véhicule thermique. C'est ce que révèle un sondage Ifop-La Centrale en exclusivité pour RMC.

"Ça démontre toute la difficulté de la transition", déplore ce mercredi sur RMC Story Luc Chatel, président de La Plateforme automobile, qui rassemble les acteurs de la filière en France comme Renault, Stellantis, Valeo ou encore Michelin. "Une transition comme ça, c'est très long, les consommateurs sont très attachés au choix et en cas de solution unique, ils râlent", ajoute-t-il alors que l'Union européenne envisage l'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves d'ici à 2035.

Le choix d'Apolline : Luc Chatel - 04/06
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"Le marché s'en ressent et on s'enfonce dans une crise. Les consommateurs sont dans l'incertitude, reportent leur décision d'achat parce qu'ils ne savent pas quel véhicule acheter. C'est le lot quand on est dans une transition structurelle", poursuit Luc Chatel tandis que les ventes de voitures neuves se sont effondrées de 12,3% en mai.

Du temps pour changer les habitudes des consommateurs

"L'Europe a considéré qu'elle devait changer de technologie en matière d'automobile et a pris une décision qu'elle a imposé à l'ensemble des industriels alors qu'eux-mêmes avaient engagé des efforts de réduction de Co2 et de lutte contre le réchauffement climatique", tacle l'ex-ministre de l'Education nationale.

"On a imposé cette solution unique mais on a oublié qu'il faut que des gens achètent les voitures et on n'a pas pensé aux consommateurs à qui il faut du temps pour changer leurs habitudes", ajoute Luc Chatel.

L'innovation au secours de la transition?

Dans ces conditions, la fin annoncée de la vente de voitures thermiques pour 2035 "nous ne la tenons pas", prévient Luc Chatel. "On a vendu moins de voitures électriques en 2024 qu'en 2023, le marché stagne et le sujet aujourd'hui, c'est comment réaliser cette transition" du thermique à l'électrique.

Cette transition doit se faire par l'innovation: "En 15 ans, on a déjà divisé par deux les émissions de Co2 des voitures neuves. Il y a 5 ans, il n'y avait pas une seule voiture électrique dans le catalogue des fabricants français, aujourd'hui, il y en a une par segment".

Mais l'inquiétude demeure quant à l'avenir de l'industrie automobile européenne: "Il y a aujourd'hui des voitures chinoises de qualité, à bas coût, qui vont nous envahir. Il faut laisser le temps de l'adaptation, notamment en laissant les industriels créer des batteries qui se rechargent en 10 minutes", demande Luc Chatel.

G.D.