“On réclame de la transparence”: les victimes des freinages fantômes interpellent les constructeurs

Les "freinages fantômes" se multiplient. Depuis plusieurs mois, de nombreux automobilistes témoignent sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce phénomène, qui concerne majoritairement des voitures récentes. Le freinage d'urgence se lancerait tout seul, mettant en danger les passagers à bord.
Joanna Peyrache, à la tête d'un collectif de victimes, a raconté son expérience sur RMC samedi 16 août. Elle a lancé un vaste appel à témoignages et en a récolté depuis un mois et demi plus de 500 similaires. Elle demande aujourd'hui une enquête pour obtenir des réponses.
Le système de freinage s'est activé seul
Son accident a eu lieu le 25 avril dernier. Comme elle l'a raconté sur RMC, Joanna Peyrache roulait sur l'autoroute A40 dans l'Ain, entre 110 et 130 km/h lorsque sa voiture a freiné "très fortement" toute seule. Des entorses aux cervicales et des gros hématomes plus tard, elle souhaite que des avancées soient faites sur ce sujet.
Elle n'en est qu'au stade des hypothèses, mais selon elle, le système de freinage d'urgence de sa voiture se serait activé tout seul. "J'avais une Peugeot 208, une voiture essence avec une boîte manuelle, un modèle récent".
Alors pour en avoir le cœur net, elle demande "des expertises complètes sur mon véhicule pour qu'on essaie d'y voir plus clair". Mais après avoir contacté son constructeur, elle n'a pas obtenu de réponse "pendant plus de trois mois".
Plus de 500 histoires similaires
Elle s'est alors confrontée à une autre réalité: "C'est très compliqué d'obtenir des expertises sur les véhicules, c'est ce que j'ai découvert. Le peu de gens qui y parviennent, souvent on ne trouve rien".
"Les concessions ne sont pas équipées des outils nécessaires pour trouver ce qui bloque", détaille la jeune femme.
Finalement, elle lance son appel à témoignages, et reçoit plus de 500 histoires similaires à la sienne. Elle se rend alors compte qu'"à peu près toutes les marques sont concernées". Le point commun entre les expériences des victimes est que ce sont des véhicules récents, de 2017 à 2025 en majorité, équipés d'un système d'aide à la conduite, et d'un système d'aide au freinage.
Des tests vont être réalisés
Aujourd'hui, la situation commence à se débloquer. Le ministère des Transports a pris l'affaire en main, a rencontré la jeune femme et a lancé une enquête à la suite de son appel. "Je me suis sentie entendue", confie-t-elle. "D'une part, ils vont se mettre en lien avec certains constructeurs pour leur demander s'ils ont eu des remontées de leurs clients qui décrivent ce type de freinages".
"D'autre part, ils souhaitent réaliser des tests sur des véhicules de même série que ceux qui ont dysfonctionné", explique-t-elle sur RMC.
Mais elle a tout de même des réserves sur ces tests: "Est-ce qu'ils vont pouvoir montrer quelque chose? Car on parle de dysfonctionnements qu'on a déjà du mal à prouver sur des véhicules dont on sait qu'ils ont dysfonctionné. Donc sur d'autres véhicules qui n'ont pas montré de dysfonctionnements, je ne sais pas ce que ça va permettre. En tout cas, j'ai senti un intérêt sincère pour la question".
De la "transparence"
Une première avancée, tandis que Stellantis, groupe automobile propriétaire, entre autres, de Citroën, Lancia, Maserati, Opel ou encore Peugeot, se dit prêt à apporter des expertises.
La jeune femme "réclame" de la "transparence sur les constructeurs". Elle détaille: "Ils travaillent avec certaines techniques d'analyse donc ils ont des causes potentielles pour tous les dysfonctionnements potentiels de leurs véhicules. Mais ils ne veulent pas partager ces listes, ils préfèrent nous dire que leur système ne peut pas dysfonctionner".
"Tout système peut dysfonctionner, c'est le principe, on le sait. Ils refusent de porter cette responsabilité-là et c'est ça qui me dérange", souffle Joanna Peyrache.
Alors pour obtenir ce qu'elle souhaite, "il y a uniquement le ministère qui peut imposer ces choses-là". Une injustice pour les "consommateurs qui ne sont pas écoutés".