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Proposition de loi pour suspendre les ZFE: "Un problème de ségrégation sociale"

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Les zones à faible émission mises en place par les métropoles suscitent l'inquiétude de certains automobilistes. Des députés vont présenter ce mardi après-midi une proposition de loi pour les suspendre.

35 députés vont présenter ce mardi après-midi une proposition de loi à l'Assemblée nationale pour suspendre la mise en place des zones à faible émission. Cette mesure crée, selon eux, "un délit de pauvreté".

À Montpellier, des élus ont obtenu un moratoire pour suspendre la verbalisation des véhicules classés 3 et plus dans la communauté d'agglomération jusqu'en 2027. Ce combat a été lancé par le maire de Saint-Brès, une commune de 3.500 habitants.

"Il y a un problème de ségrégation sociale. On est en train de chasser les pauvres des métropoles et des villes pour que les riches puissent respirer de l'air pur. On ne veut plus de ZFE partout en France", clame le maire Laurent Jaoul.

Les habitants de sa commune soutiennent la démarche lancée par leur élu. Parmi eux, Henri, 80 ans, possède un utilitaire C15 trop ancien pour obtenir une vignette Crit'Air. Il est obligé de restraindre ses déplacements: "Je circule de village en village. Tout le monde n'a pas les moyens de se payer une voiture électrique."

Des automobilistes perdus

À Saint-Brès, beaucoup d’autres retraités ne peuvent pas non plus s’acheter une voiture moins polluante et le réseau de transports en commun est pointé du doigt. "À mon âge, je suis souvent amené à aller dans des hôpitaux. Comment je fais ? Il n'y a pas assez de transports en commun. Quand vous attendez un bus ici, vous attendez une heure", déplore Fernand.

Porte-parole de la Ligue de défense des conducteurs, opposée à la mesure, Alexandra Legendre remarque, mardi sur RMC, une multiplication des appels des sympathisants de l'association "de plus en plus paniqués".

"Ce qui les angoisse c'est la réduction de la mobilité mais surtout les PV qui vont leur tomber dessus. Vous allez avoir des PV et être montré du doigt simplement parce que vous n'avez pas les moyens de changer votre voiture. Ce n'est pas possible", souligne-t-elle.

La porte-parole de l'association juge également, au micro d'Apolline Matin, cette mesure "illisible". "Vous avez encore énormément de Français qui ne savent pas de quoi on parle", ajoute-t-elle. Alexandra Legendre pointe notamment du doigt le manque de clarté sur l'obtention des subventions.

Pour autant, elle "ne demande pas la suppression, mais la suspension" de la mesure. Alexandra Legendre demande surtout "plus de temps", car elle redoute le "mouvement social potentiel que cette mesure va provoquer."

Lionel Dian et Tanguy Roman Clavelloux