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Sécurité routière: faut-il passer à 150 km/h sur l'autoroute? "Ce n'est pas raisonnable"

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L'Italie et la République tchèque accélèrent sur la limitation à 150 km/h sur l'autoroute. Certains aimeraient voir cette mesure être reprise en France, mais d'autres alertent sur les risques d'une telle décision.

Plusieurs pays européens se mettent ou pourraient se mettre à la limitation à 150 km/h sur les autoroutes. En Italie, cette limite est inscrite dans le code de la route, mais le texte n'a pas encore été validé par le gouvernement.

En République tchèque par contre, c'est déjà acté: à partir de juin, trois axes autoroutiers du pays seront soumis à cette nouvelle limitation, qui était fixée à 130 km/h jusqu'à maintenant. La vitesse maximale sera réduite en cas de mauvaises conditions météo et de trafic trop dense.

L'objectif peut paraître contre-intuitif et pourtant, il s’agit d’accroître la sécurité routière. Selon les partisans de cette mesure, les véhicules modernes sont aujourd’hui tellement performants et confortables qu’à 130 km/h, elles rendent le conducteur passif et trop inattentif. Augmenter la vitesse maximale les contraindrait donc à être plus concentrés selon les défenseurs du 150 km/h.

Sur le plateau d'Estelle Midi, lundi, le chroniqueur Daniel Riolo, membre de L'After Foot, "ne voit pas en quoi cela augmenterait le danger." Tout comme Jérôme Lavrilleux. Ce dernier estime que cette limitation pourrait être mise en place sur certaines parcelles: "La règle normale c'est 130 km/h, on a trouvé le moyen de mettre des endroits à 110, voire 90 km/h. Mais pourquoi dans des endroits où c'est très large, c'est des grandes lignes droites on ne le fait pas à 150 km/h."

Des risques trop importants

Pour Emmanuelle Dancourt, journaliste indépendante, au contraire, "c'est une ineptie totale à l'heure actuelle."

"Toutes les études prouvent que les accidents sont bien plus violents au fur et à mesure qu'on augmente la vitesse. On joue avec la vie des gens", s'inquiète-t-elle.

Un ancien agent routier, qui travaillait sur les autoroutes, est fermement opposé aux 150 km/h. "Ce n'est pas raisonnable", juge Francis au micro de RMC. "Sur les autoroutes, il y a plein de choses sur les voies, vous pouvez avoir des bouts de bois, des animaux sauvages, des échelles, des vélos. L'été si vous saviez le nombre de vélos qu'on ramasse, vous seriez surpris", argumente-t-il.

"Déjà à 130, si vous avez un obstacle, ça fait déjà du dégât, mais à 150 je ne vous raconte même pas. La vigilance va être encore plus difficile à avoir", ajoute l'ancien agent routier.

Yves Carra, porte-parole de Mobilité club France, pense que les Français ne sont pas habitués à rouler aussi vite, ce qui pourrait créer davantage d'accidents. "En Allemagne, ils sont habitués à cette vitesse-là. Est-ce qu'on est préparé à ça?", interroge-t-il. Pour passer de 130 à 150 km/h, cela nécessite du temps selon lui: "Il faudrait en estimer tous les impacts, tous les bénéfices, tous les risques" avant de mettre en place ce genre de mesure."

Un gain de temps minime

Un des arguments avancés par les défenseurs d'une augmentation de la vitesse maximale est celui du gain de temps. Le magazine Autoplus a réalisé des simulations à ce sujet. Pour traverser la France du nord au sud, de Calais à Perpignan, soit un peu plus de 1.100 km, à une vitesse constante de 130 km/h, il faudrait environ 8 heures et 40 minutes, pour couvrir cette distance. À 150 km/h, c’est 7 heures et 30 minutes. Il y a un gain d’une 1 heure et 10 minutes.

Sauf que, dans la réalité, certaines parties du trajet, comme le périphérique parisien limité à 50 km/h, ne permettent pas de rouler à 150 km/h. Le gain de temps réel serait donc de moins de 30 minutes. Plus la distance est courte, moins cela permet de gagner du temps. Entre Calais et Lille, à 150 km/h, un peu plus de 100 km, le gain de temps serait inférieur à 7 minutes.

TRC