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Suspension de permis en cas de contrôle positif aux stupéfiants: "Plutôt un effet d’annonce"

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Le gouvernement veut rendre systématique la suspension du permis de conduire en cas de contrôle positif aux stupéfiants. Une annonce plutôt bien prise par les automobilistes, mais il semble que ce ne soit pas une réelle nouveauté. Selon certains spécialistes, les suspensions de permis dans ce type de situation représentent déjà la majorité des cas.

Le gouvernement souhaite systématiser les suspensions de permis en cas de contrôle positif aux stupéfiants. C'est l'une des annonces phares du gouvernement ce lundi après un comité interministériel de la sécurité routière.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a précisé que huit points seront désormais supprimés contre six actuellement en cas de conduite sous l'emprise de stupéfiants. La suspension sera donc automatique, et prononcée par le préfet. Cette suspension peut aller jusqu'à 6 mois, et en cas d'accident mortel ou de blessures, elle peut être prolongée jusqu'à 12 mois.

La suspension automatique du permis en cas de conduite sous l'emprise de stupéfiants, c'est la moindre des choses pour ces automobilistes.

“Quand on voit les dégâts qu’on peut avoir à la suite d’un accident de la route, je pense que c’est bien d’essayer de limiter ces accidents”, indique Guillaume.

“Pour moi, c’est normal. Regardez l’affaire Palmade. Il avait l’habitude, mais il a fallu qu’il arrive une catastrophe. Donc ça évitera des grands malheurs”, ajoute de son côté Augustin.

Des suspensions de permis déjà existantes

Stanley consomme occasionnellement du cannabis. Mais il l'assure: "J'évite de conduire sous stupéfiant. Ça peut être très dangereux". Il redoute par contre une éventuelle suspension automatique de permis en raison des traces laissées par cette substance dans l'organisme. “Si par exemple, on me contrôle une semaine alors que j'ai fumé avant, et qu’on me retire mon permis… J’en ai besoin pour aller travailler. Ça serait ch...”, confie-t-il.

Mais cette suspension automatique, s'agit-il vraiment d'une nouveauté? Pas du tout, à en croire Rémy Josseaume, avocat spécialiste du droit routier.

“Dans l’écrasante majorité des cas, le préfet suspend le permis de conduire dans le cadre des conduites addictives. C’est une annonce qui a plutôt le goût d’un effet d’annonce”, indique-t-il.

Faire payer les automobilistes condamnés?

"C'est de la poudre de perlimpinpin, confirme Me Antoine Régley, avocat en droit routier. Ça ne répond pas du tout aux souffrances des victimes: de la justice, un accompagnement psychologique, une position des assureurs... On n'a rien. On a une réponse qui tape à côté avec la suspension des permis de conduire. Dans 98% des cas, il y a déjà des suspensions automatiques. Là, ce n'est même pas répondre sous l'émotion, c'est une velléité de réponse politicienne."

Selon cet avocat, "on ne traite pas le mal à la racine". Me Antoine Régley préconise de frapper au portefeuille des automobilistes coupables: "Il y a des propositions extrêmement simples: si on dit aux conducteurs que les assureurs vont se retourner contre eux, ils consommeront moins d'alcool et de drogue avant de prendre le volant. Quand vous êtes endetté à vie... Si l'auteur est condamné à rembourser, on divise par deux l'insécurité routière".

Selon le ministère de l'Intérieur, 600 personnes meurent chaque année en France dans des accidents liés aux stupéfiants.

Kévin Gasser avec Guillaume Descours