RMC
Police-Justice

Homicide routier: "Fumer, boire, rouler vite, c'est un acte volontaire" soulignent les victimes

placeholder video
Le gouvernement va annoncer ce lundi la création d'un homicide routier pour remplacer l'homicide involontaire par conducteur. Un changement de sémantique qui était attendu par les familles de victimes.

Le gouvernement doit annoncer le remplacement du terme d'"homicide involontaire" lors des accidents de la route par celui d'”homicide routier". L'annonce doit être faite ce lundi par la Première ministre Élisabeth Borne à l'occasion d'un conseil interministériel consacré à la sécurité routière, à Matignon.

En février dernier, au moment de l'affaire Palmade, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait indiqué travailler sur la requalification des accidents mortels dus à la drogue et à l'alcool en "homicide routier". Le gouvernement a finalement fait le choix de nommer "homicide routier" tout accident mortel sur la route.

Une mesure longtemps attendue par les victimes et les associations de victimes. Il y a 11 ans, la fille de Pierre Lagache est tuée dans un accident de la route par un chauffard sous l’emprise de l’alcool. Depuis, il s’est engagé dans la défense des victimes. Désormais vice-président de la ligue contre la violence routière, la création du délit d’homicide routier est pour lui très symbolique.

“Il ne faut pas oublier que la justice est d’abord là pour faire réparation et la réparation, c’est d’abord créer les conditions pour que les victimes puissent mener leur chemin vers la résilience dans les meilleures conditions possibles”, indique-t-il.

Jusqu'à 100.000 euros d'amende

Et pour les victimes, le vocabulaire employé a toute son importance. “C’est le terme ‘involontaire’ qui est très gênant. Bien sûr que la personne au volant n’a pas voulu tuer. La seule chose, c’est qu’avant de commettre l’irréparable, volontairement il a bu, volontairement il a fumé, volontairement il a pris des médicaments, des stupéfiants ou il a roulé vite. Donc on a un acte volontaire au départ”, assure Philippe Courtois, avocat spécialisé dans la défense des victimes de la route.

Si le terme évolue, le gouvernement prévoit en revanche de conserver les mêmes sanctions. Jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende. Mais pour l‘avocat, on peut aller plus loin.

“Augmenter les peines, ça signifie quoi? Rien du tout puisqu’elles ne sont pas appliquées. On ne met pas en prison, en disant que les prisons sont pleines… Je suis d’accord, mais il y a d’autres mesures. Au lieu de donner de la prison avec sursis, pourquoi justement ne pas imposer aux personnes responsables légalement d’aller dans un centre de rééducation. Je peux vous assurer que s’ils doivent rembourser ce que leur assurance va payer, ça va faire diminuer le nombre d’accidents”’, précise-t-il.

En France, les principales causes de décès sur les routes sont la vitesse et l’alcool.

Ameline Lavechin